Flore LESBIENNE
GAËLLE I
à
L.
I
L. devina, à la manière de lui caresser la nuque, de soupirer derrière son oreille, de presser mes seins tendus contre sa poitrine nue, que je la désirais maintenant, seules, postées près de la fenêtre à observer tomber la neige sur Toulouse, la neige blanche, la neige qui couvrait la brique plus colorée que celle de Bologne ou de Sienne, qui étouffait la ville lointaine, la neige sur mes doigts qui glaçaient L., la couvraient de chair de poule, la faisaient frissonner et s’appuyer au radiateur en fonte, ses longs doigts brûlant sans bouger, L. comme tétanisée, offerte, perdue dans ses pensées, ses cheveux dégagés, ses lèvres sur mes lèvres, son corps dans l’attente d’un geste, d’un frôlement inconnu, d’une espèce de signe d’amour qui lui ferait déverser tous ses doutes sur la soie de ce corps nu, presque nu, noué dans un déshabillé blanc dénoué.
Noël approchait, nu et pâle dans un silence d’amour rose tiré par les minuscules anges blancs de nos innocences célestes, une hotte à bonheur débordante de grâces sur ses épaules de femme parfaite.
Il y avait là des filles de sexe qui dansaient nues comme des sucres d’orges qui se sucent en riant, des caramels tendres qui plient sous les dents et les gâtent par gourmandise, des amies qui nous regardent danser ensemble, nous étreindre et faire de l’amour une passion corporelle, des livres simples, des musiques langoureuses, du miel en cascades d’ambres, des déguisements pour femmes nues habillées de toiles taillées en pièces ouvertes à tous les gestes, à nos enlacements apprivoisés.
Tes doigts sur les lampes du sapin caressaient la lumière de notre enfantement, le feuillage de mes lèvres, l’étoile de notre chance et, dans l’obscurité de la nuit, tu me parlais en chuchotant, du thé fumant sur un plateau d’argent, tes fesses rondes balancées par la pâleur dansante d’un reste de cheminée, la courbe de tes reins, de tes épaules et de ton dos arqué flottant dans de la soie légère, transparente, tes jambes nues, ta chevelure ébouriffée, tu me murmurais tes rêves, tes nuits sombres, les peurs surgies dans mes bras, loin de tout, dans l’irréalité de notre amour, près de ma chaleur toute maternelle qui baigne ton corps féerique, ton corps de femme, de chair délicate, de grâce charnelle.
L’enfant qui porte ton histoire de fille s’éveilla entre mes cuisses, peigna ma touffe de gouine, mes poils parfois devenus blancs, l’entrée de ma relation sexuelle avec ta chair, avec ta beauté simple, parfaite, celle de ton corps détendu entre mes cuisses écartées, tes baisers avec un mot, un doigt, une touche de musique sur le piano de mes sens qui raisonne jusqu’au sommet de mes seins écrasés, les dernières phalanges de mes doigts sur mes cuisses, mes orteils sur tes reins, tes fesses nues, étendues toutes les deux nues sur le lit défait, sur la couette encore tiède, sur le lit de bois blanc ornementé de fruits et de feuillages, mon vagin impatient et silencieux que tu décides de le percer, ma tête folle que tu entres en moi, offerte devant tes doigts.
Ses cheveux passés entre des doigts magiques, à la griffe de notre coiffeuse attitrée, gouine parfaite, joueuse, plaisante, L. était redevenue une douce créature où s’écoulait volontiers le regard des passants fascinés par sa beauté bien habillée, par sa main dans la mienne, par notre couple étrange, fait de paradoxes discrets et nombreux diffusant une aura féminine qui marquait, déformait le réel en une illusion vague et incertaine, fugitive et parfumée.
L. m’entraîna dans quelques boutiques de luxe où nous avions un peu nos habitudes, un peu de nous, dépenser de l’argent sans trop compter, sans jamais nous retourner, impatientes de nous habiller l’une devant l’autre et de nous aimer sur des airs de piano et du champagne frais.
Nos peaux jetées à l’entrée, nos talons balancés, nous courions l’une après l’autre jusqu’à nous embrasser essoufflées, ses grands yeux en feu, ses cils battant l’air, ses lèvres framboise sur ma bouche rouge, ses mains sur mes seins, dépouillées de nos culottes mouillées, puantes de nous, nous enferrées dans le tombé du lin des rideaux, accrochées l’une contre l’autre, amantes fiévreuses violentes, affamées, sanguinaires dans la gorge de l’autre, griffées d’ongles cassés, ses doigts dans mes cheveux en brosse, ses petits seins sur mes lourdes mamelles, la moiteur de ses fesses sur mes doigts, enlacées, renversées, déséquilibrées sur une lampe recouverte de toile blanche balancée parterre, sur les bords cruels d’ un fauteuil tapissé, le plafond peint nous observant, la bouche de L. sur ma bouche avec son rire et sa salive, sa langue dans ma bouche, ma langue sur sa langue, assommées, réveillées par de douloureuses blessures sans concessions, grimaçantes, pleureuses encore un instant courageuses, à moitié nues sur le parquet.
Lorsque la voisine se décida à nous téléphoner, nous étions nues sur nos bas à nous regarder dans la grande glace de la salle de bain, occupées à compter nos futurs bleus, à nous consoler avec des cotons imprégnés d’aseptisant piquant.
- Vous allez bien ? J’ai entendu du bruit.
- Oui, Madame. Merci, bêlais-je en souriant à L. occupée à m’envoyer sa moue la plus adorable du moment.
- J’ai entendu quelque chose qui se cassait.
- Oui, c’est la lampe du salon qui est tombée. Rien de grave.
- Vous êtes certaine ?
- Oui ! Oui ! Ne vous inquiétez pas. Merci de nous avoir appelées.
- Bonsoir.
- Bonsoir Madame.
Cloc.
- L. !
Notre course poursuite reprit de plus belle avec des gloussements francs de filles délurées, excitées, avec des cris déchirés, des Chut ! fugitifs accompagnés de nos grands yeux larmoyants et de nos bouches tremblantes.
Réveillée dans la nuit, entre la dernière sensation de sa main occupée à me tripoter et l’odeur enivrante du pain qui grille, L. lisait, assise à côté de moi, enfoncée dans quelques coussins empilés, sa tête suspendue au-dessus de mon corps étendu nu, vulnérable, repu.
Je sentis la présence de L. si puissante, planant au-dessus de ma chair endormie, être tant à sa merci que j’en fus un instant terrifiée, empalée à un doute, à la crainte qu’elle ne me quitte.
Elle lisait un livre blanc avec de petits caractères d’imprimerie, ses longs cheveux d’or sur ses seins pâles, sur ses aréoles roses, près de ses lèvres roses, de sa bouche tranquille, cette bouche pleine de savoir-vivre, véritable sexe planté là, au milieu de sa figure d’innocence vierge.
Ma main glissa sur ses lèvres, tremper sa plume de doigts dans son encrier de cyprine chaude et elle sourit, heureuse de me voir la rejoindre dans sa nuit de lectrice, heureuse d’écarter légèrement ses cuisses sans changer de position, continuant à lire malgré mes doigts, leur présence insistante dans ses eaux grandissantes, dans son vagin ouvert, sur sa vulve langoureuse, occupés à la caresser, à lui rappeler qu’elle était ma chose, toute entière ma femme, que j’avais peur de la perdre, cette moitié de gouine.
L. a fini par écarter sagement ses jambes et poser son livre, retrouver mon corps et prendre mes lèvres, faire l’amour avec moi toute à elle, rassurée.
Nous étions nues, silencieuses, moites et ondulantes, perdues dans la nuit recouverte de neige glacée.
Boutonnant mon col en songeant que j’étais belle en chemise de femme cravatée je fus ravie lorsque les mains de L. prirent mes hanches et ses lèvres ma nuque.
Elle était déjà prête pour sortir, pour aller en ville acheter quelques cadeaux, nous faire plaisir, ses doigts remontant sur ma poitrine, affolant mon sens de l’amour, réveillant les capillaires de mon visage bien malgré moi pour son plus grand bonheur.
- Tu rougis ? constata-t-elle amusée, attendrie, déboutonnant ma chemise de femme cravatée en m’observant fuir son regard, être gênée d’être ainsi dans ses bras devant la glace qui paraissait soudain nous observer, me dévisager sans indulgence.
J’esquissais un geste pour me dégager, m’abandonnais à son corps appuyé contre mon dos, qui me força à prendre appui contre le mur avec mes mains, à me retrouver devant cette glace malveillante à me faire déshabiller sans ménagement, à me retrouver nue ou presque, L. joyeuse comme une enfant de me tenir ainsi dépouillée devant elle qui suffoquait dans ses trop chauds vêtements d’hiver.
- Viens, Flore. Je vais t’aimer.
Et elle me tira par la main, m’entraîna presque en courant.
- Tu vois, la jeune femme, là-bas ? La brune qui va traverser.
- Oui.
Il y avait devant la librairie Castela une grande fille élancée, vêtue entièrement de noir, d’un manteau de chez Perry, de Woolford satinés, de talons aiguilles de chez Vittoria, de grandes lunettes Chanel, avec un grand sac Lancel et des gants Furla.
Elle était arrêtée, cherchait son iPhone tout en s’apprêtant à traverser la place du Capitole.
Il était tard, le marché de Noël commençait à se vider.
- C’est Gaëlle.
- Ta fille ?
L. me retrouva en ville avec une amie à elle, une fille à peine de son âge qui semblait bien me connaître, fut tout de suite familière dans notre couple, dans notre histoire d’amour, dans sa manière de se couler à la perfection dans nos gestes sans équivoque, me suis même demandé si L. n’était pas lesbienne avant de me connaître, si je savais vraiment tout d’elle, si nous avions suffisamment discuté.
Cette fille nous accompagna un moment, dans un bar, dans la rue, nous laissa brusquement, profitant d’un taxi conduit par une fille intéressante.
Enfin seules, je pensais être débarrassée de cette fille lorsque L. commença à me parler d’elle avec une étincelle dans l’œil qui m’inquiéta.
- … sur son lit, avec Julia, son amie.
L. s’arrêta, me regarda, éclata de rire de me voir jalouse de manière si limpide, incroyablement jalouse.
- Et toi ? Avec Fiona et Anaïs ? Je ne te demande rien.
- C’est qui cette fille ?
- Une amie. Tu veux savoir quoi ? Si j’ai fait l’amour avec elle ? Avec Julia ?
- Je me le demandais, mais j’ai la réponse.
L. attrapa une fille qui passait à portée de main, une fille pressée qui se débattit en regardant le visage furieux de L.
- Vous trouvez que je suis moche ? Vous trouvez que je ne peux pas aimer cette femme, ma femme, mon écrivaine, ma chérie ?
- Laissez-moi ! Lâchez-moi !
- Vous ne me trouvez pas assez belle pour elle ? C’est ça ? C’est ça ?
L. pleurait déjà, hurlait devant les gens qui se retournaient, me dévisageaient, m’affolaient, me ramenaient à L., ma chère L. dont je doutais de son amour pour moi, dont je venais de poignarder les sentiments, que je venais de trahir, dont je venais de douter.
- Arrête ! L. ! Pardonne-moi ! Laisse cette fille !
Je ne me serais pas crue capable d’une telle liberté en public, être capable de tant tenir à L., de la supplier d’arrêter, de l’implorer de venir, de la serrer dans mes bras sans me soucier de l’abondance de la place Wilson, passante à dix sept heures.
- Flore…
Qu’étais-je devenue comme femme pour tant abîmer la femme que j’aimais ?
Je l’ai embrassée et elle pleurait, et je pleurais, et nous pleurions, nous pleurions sans fin, comme parfois il pleut.
- Oui… Flore…, L. me sonda d’un regard qui cherchait le fond de mon œil, une pensée, je fais l’amour avec elles.
Froide comme une morte, glacée comme une boule de neige, L. avait le visage rougi par la chaleur soudaine de l’appartement, par le radiateur, par son arrivée précipitée, par sa course dans les escaliers, par sa passion, par ma présence.
Elle m’embrassa dès qu’elle me vit, m’enlaça la taille et se blottit contre moi en me serrant très fort.
Nous sommes restées là un moment à redécouvrir notre besoin de l’autre, notre amour éreinté par une rupture sordide, nerveuse, cruelle.
Nous avions la belle vie, une vie simple, faite de sexe et de nous, primitive comme l’Eden, dans un monde sans rien d’autre.
Aujourd’hui, tandis que je coupais du bois avec tous mes muscles de femme indépendante qui veut chauffer son intérieur par sa seule force animale, ma pensée voyageait et je me disais que Flore et Lesbienne, c’est comme Joseph et Marie, un monde végétal et un monde animal.
Et je me dis aussi que si Joseph était charpentier, Jésus avait fini sur une croix, comme si la famille de son père avait construit sa potence.
En fait, je suis assez fière de mon idée d’être à la fois Marie et Joseph, une Marie-Joseph en quelque sorte.
L. aurait aimé que je lui raconte cela, m’aurait écoutée en buvant du thé fumant en culotte dans un grand pull blanc tricoté avec de la laine vierge.
- Et moi, je serais quoi ? Ton ange ?
Elle m’avait annoncé l’arrivée de mon œuvre et trouvé trop facilement mon point G pour douter de sa provenance divine.
Lorsqu’elle me le demanda je fus très gênée, même embarrassée, l’ai regardée un long moment avant de pouvoir parler.
L. était nue, assise devant moi qui avait la robe que j’affectionnais alors, une robe courte en soie colorée qui lui donnait facilement mon ventre nu.
Elle m’observa avec inquiétude et hésita à continuer, me prit la main que j’avais glacée et recommença de me tourmenter.
Il lui fallut insister un long moment pour commencer à me convaincre et puis à me rendre complice d’elle, sa maquerelle.
Elle se lança dans le tapin la veille de Noël, dans une tenue qui me rendait folle d’inquiétude, furieuse et à la fois fière d’elle.
L. accompagna un client et eut son premier argent, jeta un regard en direction de notre voiture, attendit longtemps avant de recommencer, et puis un troisième et un quatrième, et puis je suis sortie, l’ai forcée à monter dans la voiture et à me suivre.
Elle retira ses vêtements et se doucha, revint nue avec ses quelques billets froissés, me les tendit fiévreusement, toute excitée.
J’ai prit son argent et l’ai assise sur mes genoux, lui ai fait l’amour ainsi, l’ai doigtée jusqu’à la faire jouir, la rendre folle d’elle-même.
- Je vais continuer, Flore.
J’ai songé à Marie-Madeleine et puis à Proust, à ses madeleines, et puis à sa bouche, à ses lèvres, à nos lèvres, l’ai embrassée en fermant les yeux sur ses doigts.
J’ai toujours écrit sur Internet, entièrement sur ce support.
L. aimait fumer en m’observant écrire, me trouvait belle, immobile devant le clavier avec les doigts qui couraient.
Elle ne me dérangeait pas, m’apportait du thé, faisait des petits gâteaux, passions des heures ensemble en silence, chacune studieuse.
Après avoir écrit, j’ai toujours aimé me doucher, me doucher avec L., nous enlacer sous l’eau chaude, brûlante, nous noyer de caresses et laver nos solitudes.
Lorsqu’elle me montrait son travail, je ne manquais pas de l’admirer, de la féliciter pour son érudition, son talent, son intelligence.
Elle préférait, plutôt que de me répondre, sourire et m’embrasser, parcourir mon corps de femme à sa rencontre.
L. éclata de rire sur mon épaule, s’étouffa et continua de s’esclaffer, se renversa en arrière pleurait de rire en regardant J. Guylaine assis dans un fauteuil, pacha élégant avec une cigarette à la main, entre le pouce et l’index.
Lorsque L. eut reprit sa respiration, elle me regarda avec ses grands yeux et recommença de rire, et je riais avec elle, amoureuse de cette fille nue sous la transparence de son âge.
J. a siroté son whisky et son effet.
- Et tu l’as ramenée chez elle ?, questionna L. en riant à nouveau en songeant au wisky garé dans la cour, dans lequel elle était arrivée nue dans la transparence de notre couple.
- Elle préféra demeurer avec ses chiens, versa-t-il dans la discussion cristalline, sirop de luxure zoophile en fût de chêne familial.
Lorsque le grand chien monta sur L. il ne la pénétra pas tout de suite, commença par se frotter contre l’intérieur de ses cuisses puis fit jaillir son vit de son fourreau, et là s’avança un peu, entra dans son vagin.
L. était couchée sur le dos, le ventre ouvert et je l’assistais, lui tenais une main, la caressais.
C’était son premier mâle, son premier amant, et elle allait longtemps en conserver la photo, le souvenir de cette journée où nous étions allées le choisir à la société protectrice des animaux avant de l’y ramener en urgence.
Nous étions arrivées au terme de nos jeux de caresses avec ce chien.
- Et si on essayait, m’avait chanté à l’oreille ma belle L. masturbant consciencieusement l’animal consentant.
Elle trouvait avoir une classe certaine de se donner à un chien, ne jamais s’offrir à l’autre espèce de mâle rodant autour de nous.
L. avait simplement passé un tee-shirt et s’était couchée sur le bord du lit, le sexe badigeonné de crème alimentaire.
La vulve soigneusement léchée, le ventre prêt, elle n’avait alors eu besoin que d’un mot pour être montée, dépucelée par son éphémère compagnon.
C’était son chien, son cadeau d’anniversaire, mais je ne pouvais laisser seule L. et me fis prendre en levrette.
La magie d’une fée relève en partie de sa baguette qu’elle manie avec des formules incompréhensibles mais chargées de vérité, de caresses des sens qui dépassaient le simple magnétisme secret des doigts de L..
Elle me transforma successivement en princesse, en reine, en mendiante et servante.
Moi-même étais capable d’un tel pouvoir et ai changé L. en fée.
Dans la chapelle où nous nous retrouvions chaque soir pendant une semaine, impatientes devant une vierge statufiée par de la peinture bleutée et blanche et du stuc vert pâle, nous récitions l’amour que nous avions l’une pour l’autre sur le bout de la langue avant de nous embrasser avec passion.
Dans ce refuge, à l’abri des regards, L. me passait sa vulve au doigt avec une peur incompressible qu’elle traînait dans mes yeux avec de grands yeux mouillés et des doigts tremblants.
Je la doigtais en l’admirant souffrir, ses mains sur mes seins, sur mon visage, sur ma vulve, errante sur mon corps tenu à sa disposition, nu sous un minimum de tissu.
Nous étions seules avec Marie qui nous comprenait, nous tendait sa main et restait seule après notre départ.
Amusée, excitée, répondant à l’attente d’une amie, à mon propre désir, je recommençais, retrouvais la sexualité de grands chiens allemands, leurs vits entre mes fesses, en levrette comme toujours.
J’avais franchi le gué de mes interdits, aboyais avec la meute dans un troupeau de mâles à fourrure qui me montaient à tour de rôle, déchargeaient dans mon cul ou ma chatte, déchargeaient et me délaissaient, revenaient me féconder, tournaient autour de leur femelle et remontaient, infatigables, maladroits et lourds, épuisants, ravageurs.
Cette fille qui m’avait convaincue d’une telle expérience n’était pas vraiment une gouine à proprement parler, avait même un petit ami attitré, mais j’avais une condition, d’être seule avec ses chiens, dans son élevage à l’extérieur de Toulouse, avec elle et L., seule fille en qui j’avais entièrement confiance, une confiance démesurée, vissée à mon ventre.
L. ne la trahit pas, se mit nue avec moi devant les chiens qui allaient autour de nous en aboyant près de cette fille déjà déshabillée qui les retenait avec l’autorité d’une femelle déjà plusieurs fois couverte.
Elle avait, d’ailleurs, le même collier qu’eux et ne cachait pas qu’elle passait parfois plusieurs jours là, nue, dans le chenil où nous étions.
L. caressait cette fille et faisait l’amour avec elle tandis que je subissais les asseaux des chiens les plus actifs, comme si cette fille devinait le moment propice pour éloigner L. de moi, pour me laisser seule en pâture.
L. finit par me rejoindre et la fille nous laissa, s’occupant de son chien favori qui, à mon goût, n’avait rien d’extraordinaire.
J’étais heureuse de la présence de L., de retrouver sa peau, ses caresses, son odeur, sa langue, de pouvoir l’observée se prosterner, se plier et exhiber sa croupe, ses fesses ouvertes.
Lorsque nous sommes allées nous doucher, couvertes de bleus et épuisées, L. voulut encore faire une dernière fois l’amour avec eux, revint trouver la fille en discussion avec un chien assis devant elle les jambes écartées et un chien nous accompagna dans une chambre nue, sur leur grand coussin maculé de sperme de chien encore humide.
Notre voisine nous faisait parfois des cadeaux, nous offrait des gâteaux, des bonbons, du foie gras, des fleurs.
Avec Noël, elle arriva un soir avec des chocolats, des truffes que nous goûtâmes aussitôt.
L. retira sa culotte et, nue dans un chandail rose et blanc, introduisit une truffe dans son vagin.
Elle savait que le beurre allait fondre et me demanda d’attendre, d’attendre qu’elle fonde pour la déguster truffée.
La poudre de chocolat qui couvrait ses lèvres se mélangea à ses sécrétions mais rien ne sortait.
L. entra deux autres truffes dans son vagin et sourit en les sentant fondre en elle, disparaître rapidement.
Soudain un liquide brun perla, s’épaissit sur ses lèvres.
- Oh oui viens maintenant, Flore.
Nous nous sommes embrassées, tachetées de chocolat au beurre doux jusqu’à ressembler à deux dalmatiennes.
Sortie de mon imaginaire infantile, j’ai décidé de commander un gode de chien et l’ai reçu des mains velues et pressées de la poste.
A quatre pattes devant la glace, je me trouvais chien stupide avec mes cheveux courts, mon vit qui pendait et L. derrière en train de me faire un cunnilingus à tout va.
Lorsque je l’ai montée elle a insisté tout d’abord pour des préliminaires canins et je l’ai léchée, léchée à grandes eaux crachant et bavant sur sa rondelle de gouine et ses lèvres glabres et gonflées.
- Aller ! Flore ! Viens !
Je suis montée sur elle, suis entrée en elle comme dans une motte de beurre, étendue sur son dos creusé de fille prise en levrette.
- Nena…
- Tu crois ?
- Il faudrait essayer.
Nena était la chienne d’une voisine, son diminutif pour Nénuphar.
Lorsque Nena fut entre nos mains, elle commença par nous lécher le minou badigeonné de crème alimentaire, comme tous les chiens avant elle.
L. portait déjà le gode ceinture de chien, se prit pour un mâle dominant lorsque la chienne lui mangea la chatte, la transforma en gouine zoophile.
Je l’observais en attendant mon tour, occupée à accompagner Nena, à la gouiner.
Lorsque ce fut à moi de me faire lécher la chatte couchée sur le dos, sur le lit, L. monta Nena et lui fit l’amour avec prudence.
Trop de prudence car la chienne se dégagea du gode de L. et s’écarta de nous.
Reprise avec davantage d’énergie et de détermination, elle me gouina à pleine gueule, le vagin rempli des coups de reins de L..
Nena eut droit en guise de remerciement à son premier cunnilingus de notre part, retourna auprès de sa maîtresse avec le cul en feu.
Au coin du feu, nous jouions au chien et à la chatte, l’une assise avec le gode ceinture dressé, l’autre accroupie sur le gode qui termina le soir même dans la poubelle après une dispute et quelque vaisselle brisée.
Un peu de vin sur ses lèvres et sur son sourire, ses yeux dans les flammes, le reflet de sa peau sur ma peau, nues, blanches et neige, dépouillées, crues, vierges, saphiques, entièrement poupées naissantes, sans un poil, sans un cheveux, juste nos sourcils et nos cils, baignées du même parfum, gonflées du même amour, folles de nous, pures amoureuses tombées de la hotte d’un bonheur sensuel en traîneau d’argent, d’or et de petites clochettes cristallines, femme drapée d’une fourrure transparente traversant notre ciel étoilé avec de la poudre légère d’amoureuses écloses, amoureuses nous l’étions follement, nues avec du vin chaud à la main, nos doigts humides lavés à nos bassins enrubannés de soie dorée, de perles et de dentelle.
Nous étions les plus beaux cadeaux à offrir l’une à l’autre et nous n’avons pas manqué, à minuit sonnant, de les ouvrir, de nous aimer toute la nuit, de donner toute sa vie à notre amour.
Installée de fraîche date, L. m’ouvrit la porte et me dévisagea en s’écartant, me laissa entrer dans des effluves de peinture, de colle, de silicone.
- Tu vois, c’est ici…
- C’est clair.
L. me fit visiter les pièces entièrement refaites, du blanc et du parquet, un grand lit blanc, des vêtements blancs et noirs, un cuisine blanche, toujours sur du parquet, une salle de bain, une bibliothèque vide, un bureau, une autre chambre, une terrasse, le bruit de la rue, de la ville, le feuillage d’un tilleul, des oiseaux et des nuages.
- C’est superbe… Tu habites seule ?
- Pour l’instant. Oui.
L. ouvrit à une jeune femme, l’architecte et son amie qu’il me semblait avoir déjà rencontrée, peut-être même embrassée, je n’en étais pas sûre, qui me sourit en me serrant la main, qui se souvenait, elle, de moi, davantage.
L. perçut cela, l’ignora, expliqua ses derniers soucis, accepta d’ouvrir dans la semaine à un électricien, puis nous nous sommes retrouvées seules, comme deux filles amoureuses qui ne savent pas par où commencer, qui ont peur de tout gâcher, reculent et avancent, se cherchent et hésitent encore, un peu encore, juste un instant encore et puis s’embrassent, s’emportent pour toujours, s’enlacent et s’aiment aussitôt.
Et puis un thé, un peu déjà nous en couple, nos premiers pas ensemble, un dernier baiser et puis plus rien.
- Je te téléphone.
L. était devenue gouine et moi sa femme, un couple dans son éblouissement.
Je ne savais pas qu’en nous quittant, ce premier après-midi, L. était déjà embarquée dans une autre aventure, avec une autre femme, plus âgée qu’elle, très belle, avec laquelle elle avait rendez-vous pour dîner, pour terminer dans des draps de femme, des draps de femme mûrie par la vie.
Et L. lui dit, ce soir là, les mains de cette femme posées sur elle, qu’elle ne savait plus si elle voulait continuer, elle lui dit par un long silence tout ce que notre baiser venait d’introduire dans sa vie.
L. s’endormit dans les bras de cette femme que je ne vis qu’une seule fois, dans un restaurant, quittant la salle avec des amies.
Elles s’aimèrent encore, avant le matin qui emporta notre baiser, L. entièrement dépucelée, la rendit dépendante et perdue, éprise de deux femmes, rivales et magnétiques.
L. me retrouva plusieurs jours après, devenue femme, devenue gouine, faussement distante, totalement amoureuse.
Elle m’embrassa et ne voulut pas me faire de mal, me cacha scrupuleusement l’autre, cette femme qui ne l’avait pas encore faite jouir mais ne reculait devant aucune liberté, jouant de ce corps aventuré dans leur relation pour le mener dans les forêts sombres d’une libido cruelle.
L. jouit une nuit, presque par hasard, au terme d’une partie à trois où la fille inconnue avec laquelle elle partageait sa femme tomba sur son point G avec deux doigts qui lui griffaient le vagin.
Elle se sentit toute bizarre, chaude et même brûlante, le vagin convulsé, son sang chargé d’adrénaline, et soudain eut un orgasme qu’elle reconnu aussitôt, surprise, émerveillée.
Les doigts n’étaient plus dans son ventre et ses deux partenaires ne s’occupaient plus d’elle, se gouinaient avec pour ambiance une radio musicale et de l’herbe.
L. se leva tôt, abandonnant sa femme et sa nouvelle amie endormies et nues, belles et sages.
Ce matin là, L. me téléphona pour savoir si j’étais libre, si on pouvait se retrouver dans notre bar à gouines.
J’étais en retard et elle en avance, m’embrassa nerveusement, le visage masqué par le manque de sommeil.
- Tu vas bien, L. ?
- Oui, oui,… ça va.
Elle avala un caché avec de la bière, sortit une cigarette achetée à la sauvette, m’observa sans rien dire, épuisée, perdue.
- Flo, tu voudrais faire l’amour avec moi ?
Assises autour de la table ronde de la terrasse, nous étions quatre, quatre femmes nues dont une, rencontrée dans une soirée, nous proposait de faire revenir les mortes, de faire l’amour avec elles.
L. avait choisi sa cousine, une fillette morte d’une overdose il y avait quelques années, au petit matin dans le jardin familial, son amie, curieuse d’en savoir plus, sa grand-mère maternelle, une gouine qui l’avait élevée et instruite de toute chose.
Quant à moi, Marguerite Yourcenar m’allait très bien, satisfaite en tous points de ma famille littéraire.
Nous avons récité les incantations nécessaires, les appels indispensables et la belle inconnue qui nous avait menées jusqu’à y croire nous demanda de nous lever, de poser nos mains sur la table et de songer à ces compagnes de la mort, d’y songer si fort que nous devions l’oublier quand elle aller passer une par une nous guider jusqu’à nos défuntes amantes.
Je voyais Marguerite Yourcenar à l’aube sur une plage en Grèce, puis se promener parmi les ruines d’Olympie et de l’Acropole, la vis dans les rues d’Athènes sous une pluie d’été.
Elle était vêtue d’une longue robe à fleurs, trempée et rieuse, mouette voyageuse sur les terres des Antiques, nue sous sa chemise de soie, les seins dardés, la main d’une amie dans la sienne, elle marchait, descendait une rue, ses souliers remplis d’eau, ses jambes éclaboussées, sa bouche et ses yeux lancés vers le visage juvénile de cette fille aussi mouillée qu’elle, qu’elle avait aimée dans le matin, dans cette chambre d’amies donnant sur la mer, sur le levé d’un soleil drapé de nuages.
Marguerite tournait de temps à autre son visage vers moi, vers nous et je sentais sa main sur mon bras descendre prendre ma main et la mener sur ma chatte, me caresser et entrer nos doigts dans mon vagin pour me masturber ensemble.
- Marguerite !, m’exclamai-je.
Le fluide de L. avait acquis avec ses rencontres sexuelles une portée animale que nous constations, tout d’abord amusées puis un peu gênées.
Elle attirait les chiens.
Nous ne passions pas un jour sans que l’un d’eux vienne la renifler, profite de ce qu’elle plie les jambes ou, pire, s’assied, pour tenter de la monter, de la prendre sans aucun préliminaire.
Ce fut le cas lorsqu’elle s’accroupit pour faire pipi, un jour où nous nous promenions dans la forêt de Buzet.
Ses maîtres arrivèrent à temps pour la tirer d’un mauvais pas alors que l’animal l’avait déjà renversée et qu’à quatre pattes elle regrettait d’avoir passé une minijupe si mini.
Comme nous ne portions jamais de culotte, le mâle aurait assené son coup sans trop de mal car j’éprouvais quelques difficultés à éloigner le molosse décidé à copuler.
Dans les forêts, au-dessus de Luchon, c’est là que véritablement L. fut en quelque sorte violée par un labrador égaré.
Nous tombâmes nez à nez avec lui dans un sentier couvert de feuilles mortes et de neige fraîche.
Il nous suivit un moment puis vint sentir les fesses de L. lorsqu’elle cueillit une fleur et grimpa sur son dos, la renversant et la montant.
L. cria mais n’en dit pas plus, sentit le vit déjà chercher l’intérieur de son vagin et de ressortir et trouver son étoile ouverte.
Quand elle fut délivrée elle était pleine de semence et couverte de bave collante sur le col de sa veste fourrée.
Elle me laissa l’aimer, chienne saillie reprenant des forces, encore offerte, se laisser lécher le cul et doigter jusqu’à jouir avant de nous embrasser, amoureuses, assises dans la neige.
Nous avons encore sucé le chien ensemble, jouant avec ce vit de passage, sommes restées longtemps dans la neige, dans le froid, dans le silence de la forêt, nos visages, nos fesses et nos doigts rougis, impatients de plonger dans un bain chaud, de nous masser avec des l’huiles et du camphre.
L. ne savait pas où ranger mes affaires, les quelques bouts de tissus que je lui réservais, mes crèmes de soin, ma ceinture de chasteté.
J’ai cet objet, la passe parfois encore avant de sortir, aimais demander à L. de me l’installer, lui confiais la clef qu’elle gardait dans une grosse bague qu’elle portait
Sur deux doigts à la fois, l’index et le majeur de sa main droite qu’elle avait l’habitude de tremper dans ma chatte.
Elle avait eu vite fait d’apprendre sagement à me gouiner, d’apprendre à se faire désirer et de se partager entre plusieurs filles et moi, sa femme, sa compagne attitrée, en étais la première surprise.
Si je n’avais rien à lui dire, moi-même étant de nature volage malgré ma fidélité rangée, je trouvais qu’elle tombait souvent sur des filles très bien sous tous rapports et me disais qu’un jour ou l’autre elle partirait avec l’une d’elles.
L. avait suffisamment de chien pour faire fondre toute gouine qui se respectait, assez de beauté pour dévaliser le moindre cœur fidèle, pour devenir un souvenir impérissable et ravageur à ses amantes.
Parfois, elle me présentait ses conquêtes, généralement les plus accrochées.
Ma beauté et mon charme n’étant pas en reste, nous formions un couple dangereux pour pas mal de lesbiennes à la vie conjugale incertaine.
Le jour où L. ramena un chien chez elle, je compris que nous allions vivre notre relation à trois.
- Tu es trop souvent absente, moi j’ai besoin de me sentir aimée.
C’était un chiot à peine sevré, le futur amant de L., son partenaire qui finit piqué pour une grande blonde qui voyageait beaucoup et entraînait L. aux quatre bouts du monde.
L. vivait seule, je l’avais toujours connue indépendante, pourtant elle avait des parents mais ne les voyait jamais, se contentait d’en recevoir les chèques, grosses gouttes de fin de mois.
Ils ne surent jamais mon existence et nous parlions rarement d’eux.
J’aurais pu être sa grand-mère, étais maternelle avec elle.
Nous ne formulions aucun projet d’avenir, attendions de disparaître dans la poussière et le vent.
J’écrivis une année mes cartes de Noël chez elle et elle les posta le lendemain, ce qui me valut plusieurs remarques sur mon rouge.
L. avait baisé chaque enveloppe, voulu envoyer un peu d’elle à ma famille.
Nombreux constatèrent que ce ne pouvait être ma signature labiale, me questionnèrent avec malice, manquèrent de me surprendre au détour d’une phrase mal pensée, mal tournée.
J’ai développé l’art du faux-semblant même si j’ai perdu de mon audace à cultiver l’ambiguïté, le double sens, l’incertaine vérité.
Lorsque L. se déshabillait devant moi pour aller dormir ou se doucher, elle se mettait nue et me souriait, et je l’admirais en silence, amoureuse de ses moindres gestes.
Parfois, elle venait m’embrasser, se faire caresser dans mes bras, parfois elle restait seule avec sa beauté, disparaissait.
Nous manquions de nous, le constations chaque jour un peu plus, manquions de nos corps, de leur souffle, de leur odeur, de leur chaleur et de leur force, manquions de tout ce qui aurait dû fait de nous des sœurs.
Nous avons manqué de nous lorsque je suis tombée malade, une maladie sans importance et sans toi.
Nous étions absentes lorsque tu fus brillamment reçue, lorsque tu déménageas à New-York, absentes quand tu passas me voir, absentes sur les bancs au bord de la Garonne, absentes la nuit lorsque les louves hurlent dans ma tête et que la Lune entière me montre ton sourire évaporé.
II
Le soir de Noël, nous étions si belles, l’une loin de l’autre, chacune chez l’autre, l’autre vie loin de la notre, si douces gouines très amoureuses.
- Tu me manques. Tu fais quoi ?
J’étais nue, errante, et L. dans son lit de famille, dans une chambre d’enfant, parmi des souvenirs refroidis.
Le matin du 25, nous nous parlâmes plus longtemps, L. promenant le petit chien de sa tante au bout d’une laisse noire, un animal de compagnie sans commune mesure avec nos amants.
- Il est trop petit, me répondit-elle, s’excusant presque, mais je vais le sucer pour toi, tout à l’heure.
Elle marchait seule dans un chemin de campagne balayé par un vent froid chargé d’humidité.
Elle prit l’animal dans ses bras, le renversa et lui prodigua une fellation en regardant autour d’elle si personne ne l’observait.
- Voilà ! annonça-t-elle bientôt, il se souviendra de nous, ma chérie… Tu me manques.
C’était notre premier Noël et nous étions séparées, impatientes de nous retrouver.
- Tati m’accompagne ce soir à la gare. Tu seras là ?
Elle descendit du train et me trouva tout de suite, courut et se jeta dans mes bras en m’embrassant.
Nous nous sommes embrassées longtemps, heureuses, glacées, éplorées, malades d’amour.
En quittant la gare, main dans la main, le sourire béat figé sur nos visages rougis, nous croisâmes une amie, une fausse amie, une sorte de danger imprévisible.
Elle nous sourit et nous souhaita de joyeuses fêtes avec un air complice qui pourrait se transformer assez vite en trahison car elle salissait toute chose d’une manière ou d’une autre.
L. le sentit et me sera la main, l’oublia rapidement en voyant mon automobile garée en double file.
La mécanique nerveuse nous éloigna rapidement et je me garais bientôt devant chez L. qui déjà me doigtait en me racontant sa soirée avec ses cousines, comment elle s’était ennuyée, s’était résignée à attendre.
Il faisait nuit et froid autour de nous devant un verre de vin chaud, enlacées sous la couette, nous aimant furieusement, passionnées et mourantes.
Tôt dans le matin qui naissait, nous étions encore à nous gouiner, à tourner autour de nos points G, à téter nos clitoris et trouer nos culs, pourfendre la nuit d’un amour sexuel d’amoureuses infatigables. Il était tôt lorsque je répondis au téléphone, son vagin devant ma bouche, parlant le visage trempé, mouillée, la bouche toute à notre sexualité, sensible, ouverte, suppliante, misérable et pauvre sur le sexe de L., sur sa bouche et son cul, ses doigts et ses seins, ses orteils et sa peau, sa langue et ses eaux.
J’étais gouinée et gouinais tout autant, éprouvée par les muscles de L. qui me malmenaient, me renversaient, m’ouvraient, me prenaient et me délaissaient, me rendaient folle et dépendante d’eux, de cette musculature en chair, de cette architecture si belle, si puissante, si faite pour m’anéantir, me dévorer.
J’étais morte, ou tout comme, quand je répondis au téléphone, quand une voix très douce vint me prendre, caresser mon ventre et mes viscères, dans l’instant m’enlever à L..
L. était étendue sur le dos, m’observait les cuisses écartées, ma tête devant sa chatte luisante, ouverte, son vagin encore transpercé d’un doigt qui refusait de sortir de son ventre, de laisser reprendre ses esprits à ce vagin tourmenté.
Avec le pouce, je lui caressais le clitoris, finis par m’arrêter, par me relever et quitter L. et son ventre offert.
J’ai enfilé mes bas et passé ma robe, chaussé mes talons aiguilles et me suis arrangée en un instant devant la glace.
L. m’apporta mon grand sac à main fourre tout et m’embrassa tandis que je passais le pas de la porte.
- Je te téléphone.
En retrouvant L. dans son lit j’eus une impression étrange, l’étrange impression d’une présence.
Pourtant il n’y avait personne, nous étions seules.
Et pourtant…
Je ne doutais pas, j’avais simplement une forme diffuse d’intuition, un sens éveillé par quelque chose d’indéfinissable que je n’arrivais pas à saisir.
L. avait servi du thé, était nue, m’avais déshabillée et me caressait la chatte, voulait faire l’amour en buvant un nouveau thé.
- Prépare-toi, me demanda-t-elle en retenant les chiens que nous gardions pour la journée.
Nous ne les connaissions pas et eux non plus, L. avait accepté de s’en occuper avec l’idée de voir ce que cela donnerait, des chiens jumeaux, strictement identiques, en pleine jeunesse.
L. passa une courte jupe noire en peau d’agneau et un chemisier blanc en crêpe de soie avec des bas noirs et des talons aiguilles.
Elle était follement excitante et je me demandais comment allait se passer sa journée de gouine, comment elle se refuserait.
Il ne lui fallut pas longtemps pour se rendre à l’évidence qu’elle en faisait trop et remonta se changer.
- Tu me trouves comment ?
- Je te l’ai déjà dis, trop sexy, vraiment trop.
Elle retira sa jupe et passa mon jean troué un peu partout et je me dis que cela serait plus supportable pour son entourage.
L. m’embrassa et sortit, revint à la nuit avec une jupe courte que je ne lui connaissais pas.
Je me suis changée, j’ai échangé ton jean avec Lily.
Le lendemain, tandis que j’étais absente, Lily rapporta mon jean à L. et devint l’une de ses amies proches, une gouine occasionnelle et pas très belle qui obtint tout de même ce qu’elle recherchait, de faire l’amour avec L..
C’est en entrant dans la neige de cette première heure du 26 décembre que je pris conscience que je venais de quitter l’enfance, le 25 tout entier, qu’il n’en restait rien, qu’il m’en faudrait de la patience pour arriver au 25 décembre suivant, que je risquais bien de mourir avant et, en entrant dans la neige craquante, je me dis que L. avait quitté son enfance trop tôt, bien avant le 25 décembre et, en entrant dans la neige fraîche, je compris qu’il était impossible d’effacer mes traces du 25 décembre, qu’elles resteraient toujours là, derrière moi, même si, très loin d’elles, je finissais par les oublier et, en entrant dans la neige profonde, j’ai trouvé la force de croire qu’il y aurait vraiment un autre 25 décembre, un point dans le tableau de mon enfance.
L. marchait dans mes pas à pas rapides, quelques dizaines d’années derrière moi, me tenant par la taille pour ne pas me perdre, soufflant sur ma nuque, mon crâne rasé, de ne pas aller trop vite, de l’attendre, et, en entrant dans la neige tachetée de sang, je compris qu’elle arrivait, et alors je me suis retournée et je l’ai regardée s’approcher, je me suis arrêtée et tout s’est arrêté, surtout la neige.
Sa clarté nue jaillissant de sous la couette tirée vers le pied du lit exposait ses aréoles, le vernis de ses ongles, ses lèvres et sa chevelure, découvrait son visage sans yeux, juste la présence de leurs traits blonds, crinière de cils plantée dans les dunes de sa beauté virginale.
L. dormait, morte toute naturelle, faite de silence et d’immobilité, de pâleur et d’absence.
Mes lèvres détachées de ses lèvres, je quittais son visage qui me regardait s’éloigner de sa bouche ouverte à la langue encore tenue vers mon vagin.
L. retira ses doigts de mon ventre et, toujours agenouillée au-dessus de son visage, j’ai laissé échapper une goutte d’urine, un filet de pisse qui éclaboussa son visage, lui fit fermer les yeux.
J’étais surprise de mon incontinence inattendue.
- Pardon, me précipitai-je tout en riant, un peu gênée.
Mais L. n’en était plus à une expérience douteuse près.
- Vas-y, continue.
- Pas là, on va tout tremper.
Dans la baignoire, Nous nous sommes mises à puer, à puer et nous étaler un mélange de pisse et de merde jusqu’à nous étouffer.
J’entrais facilement la main dans son cul, la fit saigner et pleurer, m’embrasser en se noyant.
L. se décida pour décorer son étoile nettoyée, se plaça son premier bijou anal termina par les clefs de ma ceinture de chasteté.
Nous étions l’une à l’autre, prêtes pour la distribution des chocolats de Noël.
- Et si nous nous attachions ?
- Et si, et si ?
Je ne voyais pas où L. voulait nous aventurer.
Elle prit tout de même deux ampoules neuves dans un placard, les relia entre elles avec un long fil de couture, le plus discret possible, et me tendit une ampoule.
J’avais compris.
Nous étions faites sans lendemain, puériles et joueuses, de véritables gouineuses insomniaques.
Nous partîmes au milieu de la foule des magasins de Toulouse, croisâmes le plus de situations embarrassantes possibles, fûmes peut-être découvertes, restâmes attachées et dégoulinantes de plaisir tout l’après-midi.
- Passe-moi les clefs.
- Viens les chercher.
L. continua de discuter tandis que je fouillais dans le trousseau d’une main discrète, finis par lui retirer son bijou, laisser son cul ouvert qu’elle n’arriva pas à refermer d’elle-même, ce qui la fit rougir et bredouiller pendant que je disparaissais faire pipi.
En revenant, soulagée, je vis L. seule, impatiente, qui me gronda de quelques mimiques et se tourna impatiente, attendit que je lui rende son bijou.
C’était son bijou préféré où elle suspendait un tas d’objets, pas seulement ses clefs.
Elle prit l’habitude de le garder pour faire l’amour et moi aussi.
L. déposa sur la table de l’entrée une fine chaînette en or trouvée dans la rue.
Il nous fallut un moment avant d’en découvrir l’usage.
Si Noël est à l’enfance, janvier est aux cochons.
Dans les Pyrénées, l’Aveyron, le Gers, un peu partout où la campagne nourrit ces grosses bêtes à viande, se préparait dès les fêtes terminées les couteaux les plus grands, les bacs les plus profonds, les racloirs les plus mordants, les cordes les plus solides, les machines à saucisse les mieux huilées, les chaudrons les plus lourds, tout un matériel rustique pour préparer une bonne charcuterie, transformer l’animal ventripotent en une multitude de produits ordinaires, tous plus goûteux les uns que les autres, pâtés, jambons, boudins, fritons, saucissons, saucisse, …
Nous ne formions pas un couple très expansif aussi nous contentions nous en famille de nous présenter comme des relations, L. la fille d’une amie que j’occupais le temps de ses vacances.
L. m’accompagna ainsi dans les routes sinueuses de l’Aveyron, rencontrer un peu de ma génétique, découvrir le monde sauvage de l’être humain.
Il n’aurait pas été question de sexualité si une malencontreuse série de maladresses n’avait poussé L. sous les pattes de Groin-Groin, un mâle massif dépassant les cent kilos.
Elle était allée se promener dans la ferme tandis que je discutais avec une cousine suffisamment âgée pour que nous sachions l’une et l’autre à quoi nous en tenir.
C’était une fille très belle dans les bals de village, qui se laissait tripoter par tous, même par moi qui l’ai culbutée pour mon anniversaire, un cadeau que je m’étais offert sans l’en avertir et qui me valut, après une absence totale de résistance, une paire de claques et un long baiser avec la langue.
- Ne recommence jamais, Flore. D’accord ?
Elle était restée seule à s’occuper d’une ferme familiale délaissée, vivant avec on ne savait avec trop qui.
L. était entrée dans l’étable, d’habitude vide, mais là occupée par Groin-Groin couché sur la paille.
L’animal se laissa caresser et L. ne résista pas à la tentation de tâter le vit du mâle lorsque soudain le cochon se releva et fit hurler L.
Surprise, elle se recula et trébucha et, par habitude ou par instinct, se retrouva à quatre pattes, l’instant d’après écrasée par la bête en furie, le vagin chatouillé par le vit, pénétré sans difficulté.
L. ne songea à sa survie qu’en laissant faire Groin-Groin, le sentit dans son sexe et le supporta jusqu’au bout, jusqu’à qu’elle fut délivrée et ensemencée, épuisée et effrayée, tremblante, hurlant en se traînant dehors où Groin-Groin l’y avait précédée.
Romantique devant mon verre de liqueur, je n’entendis pas L. crier, la vis soudain apparaître dans l’embrasure de la porte, regarder haletante ma cousine aux pommettes rougies par l’alcool.
L. s’effondra, tombant à genoux devant nous, et pleura, inconsolable.
Ma cousine ramena Groin-Groin dans l’étable et, souriante, gênée, caressant la joue de L., nous invita à revenir en janvier pour tuer le cochon.
L. éclata à nouveau en sanglots.
Groin-Groin lui avait fait un tel effet qu’elle resta alitée deux jours à boire du thé et se faire aimer, appréciant ma compagnie, mon rôle méritoire d’infirmière du cœur.
Et puis, elle se décida à se lever et nous nous sommes promenées plus d’une heure au bord de la Garonne à évoquer son viol, à se demander comment y répondre au mieux pour qu’elle reprenne le dessus, domine la situation de dépendance qui s’installait lentement en elle.
- Je ne veux pas qu’il soit tué, pas tout de suite.
- Il va l’être, de toute façon. Elle fait le cochon en janvier.
- Oui… mais je ne sais pas comment l’expliquer, j’ai besoin qu’il reste en vie.
L. était nue sous sa robe de laine et le soleil d’hiver la réchauffait.
Pourtant elle grelottait, se laissa embrasser sous le pont Neuf et, tandis que je fouillais sa chatte, la gouinais avec tendresse, me dit qu’elle voulait recommencer.
- Avec Groin-Groin, juste une fois.
L. retira ses deux doigts de mon ventre et les lécha devant mon visage défait, mes yeux mi-clos de fatigue et de luxure bienfaisante, mon corps repu qui jonchait les jambes écartées devant cette fille agenouillée qui se moquait du manque pourvu que je lui montre quelques orgasmes et une infinie bonté.
Et, de la voir ainsi devant moi, nue, heureuse, ses petits seins pointés vers moi, son crâne rasé sillonné de grosses veines noires, sa large bouche occupée, ses hautes épaules osseuses, ses hanches creusées de femme maigre, son beau nombril saillant et sa chatte aux grandes lèvres régulières et luisantes cachant ses nymphes malmenées, de la voir ainsi avec tant de grâce éveilla chez moi un souvenir vague, celui de peintures anciennes rencontrées dans les musées d’Europe, des vierges à deux doigts, à un doigt, à la main exhibée, des icônes avec la même présence typique de ce que L. m’offrait pour spectacle après m’avoir gouinée pour mon bonheur le plus grand.
Le monde religieux est fait de doigts, de gouines, de caresses et d’amour, cet amour lesbien, de femmes ensembles, accoupler pour donner naissance à la plus vierge des créations, l’enfantement divin.
J’étais soudain fière de m’appeler Flore LESBIENNE, Flore LESBIENNE, Flore LESBIENNE, réalisais soudain que le nouveau testament était né d’une lesbienne au charme parfait, à la beauté angélique, à la sexualité accomplie, LESBIENNE, Flore LESBIENNE.
J’avais été simplement précédée dans ce monde par la Vierge MARIE.
J’ai doigté L. en lui narrant mes pensées et elle fut ravie d’apprendre qu’elle connaissait une autre lesbienne célèbre, une gouine à l’état pur.
Arrivées à Lourdes, il pleuvait et il faisait froid, nous étions emmitouflées et nous étions gouinées en route, nous réservions pour le sanctuaire.
Il n’y avait personne, des kilomètres carrés vides, des lieux de cultes froids, gris, inhospitaliers à profusion.
Même les vendeurs de bondiseries avaient rideau baissé.
Nous avons commencé par boire un thé.
En marchant dans le sanctuaire nous étions stupéfaites d’une telle dévotion pour une gouine, sa statue trônant un peu partout.
Embrasse-moi, me demanda L. émue, touchée par la grandeur du site, par la démesure.
Nous étions en train de nous fourrer la langue dans la bouche lorsqu’un sifflet lointain nous commanda de nous retourner de vérifier de quel oiseau il s’agissait.
C’était une gardienne en casquette, une petite femme plantée près de la porte où était écrit en gros wc.
- Viens !
L. m’entraîna dans ces toilettes en me tenant par la main et me fit l’amour devant cette femme qui n’osa insister, me laissa mordre mes lèvres et jouir en étouffant un rire dans les yeux de mon amoureuse espiègle.
- Tu as aimé ?
Je l’ai embrassée avec force et passion, l’ai étouffée et gouinée un instant, un court instant.
Nous avons rempli deux bouteilles d’eau et nous sommes agenouillées devant la grotte, l’avons touchée, caressée et j’ai chuchoté à L. de faire un vœu et elle a fait le vœu que nous vivions ensemble.
Nous avons allumé un cierge et prié la vierge Marie, notre gouine divine, avons confessé que nous n’éprouvions aucune attirance pour la gente masculine, que nous nous masturbions quotidiennement et nous gouinions un peu partout, étions disposées à recevoir les sacrements du mariage.
- Vous réciterez 15 je vous salue, Marie.
C’était moins douloureux que le fouet et puis nous pouvions nous agenouiller ensemble, absoudre nos pêchés en tant que chrétiennes déjà baptisées et communiantes.
- 1
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
- 2
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
- 3
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
- 4
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
- 5
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
- 6
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
- 7
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
- 8
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
- 9
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
- 10
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
- 11
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
- 12
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
- 13
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
- 14
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
- 15
Je vous salue, Marie pleine
de grâces ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
Le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
Nous étions bien, nous sentions délivrées de quelque chose, seules dans ce recoin de chapelle que nous avions mis longtemps à trouver, seules, agenouillées devant Marie notre gouine, notre gouine bénie entre toutes les femmes.
- Tu m’aimes comment ?
- Comme ça !
A notre retour de Lourdes, nous avions changé, étions résolues à vivre ensemble, à fonder un foyer, une famille.
- Jésus, le fils d’une lesbienne… en voilà une idée.
L. me doigtait, nues devant la cheminée irradiant une intense chaleur.
Nous partîmes dans un 69 d’amoureuses, partîmes vers les cieux, jouîmes en paix, nos âmes couchées sur nos lèvres.
J’allais me raser la tête lorsque L. entra dans la salle de bain, me demanda si elle pouvait le faire.
Toutes les femmes avec qui j’avais vécu avaient toutes désiré un jour ou l’autre me raser, faire l’amour avec leur femme soigneusement rasée.
- Oui, bien sûr.
J’aime me laisser raser par la femme que j’aime, observer son émoi, sa prudence, car si L. se rasait, ce n’était pas le cas de toutes mes gouines.
Certaines préféraient avoir les cheveux démesurément longs et d’autres passaient régulièrement chez leur coiffeuse.
L. étala la crème à raser sur mon crâne et me rasa en silence, souriant de temps à autre, sérieuse et appliquée.
Une fois terminé, elle était radieuse et me caressa les seins en me demandant si ça allait.
- C’est parfait, L., embrasse-moi.
Nous avons fait l’amour devant la glace et puis c’est moi qui l’ai rasée.
Courbaturée par notre sexualité, je me traînais hors de chez L. et démarrais l’automobile en m’observant un instant dans le rétroviseur, cernée, marquée par l’âge qui taillait mon visage de mille sillons.
Je me souvins alors des doigts de L. passant sur mes rides, sur mon visage abîmé par des années de sexe, des années d’animalité reproductive, femelle dépouillée de son ventre par des embryons de filles devenues des gouines, d’authentiques gouines d’élevage, de magnifiques femmes à femmes sorties de leur nid depuis longtemps pour des branchages lointains, de nouveaux piaillement dont je suis l’heureuse grand-mère, l’ancêtre de ces gouinettes à poupées, car il n’y a rien de mieux pour une enfant que de jouer à la gouine avec sa poupée parlante.
En détachant mon regard du rétroviseur je vis L. arriver en courant dans une robe passée à la sauvette.
Tu peux me déposer en ville ?
L. n’avais pas prit le temps de passer son permis de conduire ni même de le préparer, comptait sur la vie pour la conduire.
J’étais cette vie, ce moteur à explosion bienveillant qui n’attendait d’elle pour récompense qu’un baiser, ses yeux et sa beauté.
Elle était déjà installée, passait sa ceinture.
Nous n’étions plus très loin de le place du Capitole lorsqu’elle me demanda de m’arrêter, m’embrassa à pleine bouche et sortit.
Je l’observais, brin de fille gouinée toute la nuit qui partait je ne sais où nue dans sa robe de laine et ses bottes, se retourna pour me faire un signe de la main, tomba sans en avoir l’air dans les bras d’une fille qu’elle connaissait suffisamment bien pour prolonger avec elle l’étendue de notre baiser.
Elles se prirent par la main et me laissèrent, disparurent dans la foule.
J’ai fais une moue à moi-même dans le rétroviseur, en guise de dialogue, n’ai pas voulu trop approfondir mes pensées qui auraient pu être sombres.
Je ne connaissais pas cette conquête de L. mais elle m’avait semblé avoir une silhouette intéressante.
L. me téléphona dans la nuit, me réveilla, me tira d’un sommeil réparateur.
Tu peux venir ?
Je jetais un regard sur le réveil, supposais que si elle m’appelait à cette heure c’était pour une bonne raison et j’en fus inquiète, imaginais vite le pire.
L. m’ouvrit à moitié nue.
Derrière elle deux filles souriantes et enlacées me regardèrent entrer, me dirent bonjour et je compris aussitôt pourquoi j’étais là.
- Je vous présente Flore.
- Bonsoir, répondis-je en retirant mon manteau.
- Aurore et Elodie, deux amies, je t’en ai parlé.
Elle ne m’en avait jamais parlé mais nous nous devions d’être toutes les quatre suffisamment proches pour faire l’amour, pour passer la nuit ensemble.
Aurore fut l’objet de nos premières caresses et L. termina de se déshabiller dans mes bras.
Gaëlle m’embrassa, embrassa L., s’assit avec nous et commanda un thé africain.
Elle portait la chaîne que je lui avais offerte, une chaînette en or jaune avec la Vierge MARIE en pendentif de cristal.
- On va faire baptiser J. à Pâques.
Gaëlle sortit quelques papiers, les formalités de la curée, une femme prêtre depuis peu, quelques mois, très consciencieuse, un peu trop à mon goût.
On pensait à L. pour être sa marraine. L’autre sera Marie, une cousine de Joëlle.
Joëlle avait épousé Gaëlle en première noce, un mariage en robes blanches et pétales de roses, un très beau mariage.
Elles étaient follement amoureuses l’une de l’autre, se manquaient à tout bout de champ, n’étaient heureuses qu’ensemble, C’était leur seconde année de vie commune et elles avaient un garçon, un beau bébé que Joëlle avait porté.
L. versa une larme, était très touchée qu’elles aient pensé à elle.
- Il n’y a pas de problème, bien sûr Gaëlle.
Gaëlle me regarda avec tout l’amour qui habillait sa personne et remercia L., le thé africain arrivait et je commandais trois coupes de champagne.
III
Renversée sur le lit, L. se précipitant sur moi je fus agacée, contrariée, furieuse, en colère, irritée, folle de rage, l’ai poussée sur le côté et me suis mise à hurler, à hurler après elle, L. effrayée, L. décomposée.
Je n’étais plus la Flore qu’elle connaissait, la gentille Flore qui vivait une existence de gouine rangée, une parfaite femme de chambre, une créature de lit, une femme ouverte, facile, attentive et disponible, je n’étais plus cela car j’étais devenue une autre, une autre femme, une femme beaucoup plus cruelle, beaucoup plus décidée, une guerrière remplie de sang et de haine, une monstrueuse gouine de combat décuplée par une impureté dans ma conscience du monde qui m’entoure.
Folle, simplement folle, je ne pouvais plus tolérer L., sa chair, ses doigts, ses caresses, son amour même, rien de tous mes orgasmes n’aurait pu atteindre la force de la blessure qui venait de s’ouvrir dans mon ventre, qui était remontée lentement jusque dans mon cerveau, me déchirait, me broyait.
- Flore ! Flore !
Aucun mot ne savait apaiser la montée de lave mortelle qui m’envahissait.
- Vas-t-en maintenant. Vas-t-en, s’il te plait, Je pleurais et elle hésitait encore.
- Vas-t-en, L. S’il te plait…
Je ne voulais pas lui faire de mal mais je n’étais plus la femme qu’elle avait connue, aimée, elle n’existais plus.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Vas-t-en… L..
Je crois qu’elle comprit, là, qu’il fallait qu’elle s’en aille, me laisse mourir, disparaisse de sa vie.
J’étais réactivée.
Longtemps je m’étais sentie vieillir et me sentais mourir mais à cet instant, en m’observant dans la glace, je savais que j’étais trop jeune pour être une grand-mère, trop jeune pour être une mère, trop jeune pour être humaine, trop jeune pour être moi-même, j’étais la même qu’il y avait quelques années, lorsque j’avais été trempée dans la vie civile, au tréfonds d’un monde de singes.
J’étais une tueuse dont le cran de sûreté venait de sauter.
L. sortit sans dire un mot, disparut de ma vie, de la vie de Gaëlle.
J’étais devant la glace, chez L. sortie de chez elle, voyais mon corps dans son tee-shirt noir, son pantalon noir, ses chaussures noires, dans une force de l’âge à aucun instant altérée par les quelques années de discrétion.
Le téléphone ne sonnerait plus, l’automobile ne servirait plus, tout disparaissait autour de moi, tout s’évaporait, mes repères se réorganisaient, retrouvaient leur échelle, leur dépouillement naturel.
Dans la rue, il n’y avait personne, nous étions dans ce no man’s land entre Noël et la nouvelle année, seule dans les ruelles humides froides de la nuit, une nuit tombée trop tôt.
Flore, Flore, me dis-je, je cherchais dans ma mémoire mon nom, mon vrai prénom, à qui j’appartenais vraiment.
Je n’y suis pas arrivée, ai continué à marcher vers la navette de l’aéroport, ai embarqué dans un avion de ligne, un vol pour touristes, un vol sans particularité, un vol où une femme s’est assise à côté de moi avec quelques passeports et quelques cartes.
- Lorsque tu arrives, tu vas à la porte B16 et tu embarques, c’est une correspondance.
Il faisait nuit lorsque je suis arrivée, sans bagage, sans instruction, sans vêtements.
Il faisait froid mais il était supportable.
A l’hôtel international m’attendait une fille, jeune, presque nue, pour m’aider à oublier L., à me la rappeler, à l’oublier.
Le petit déjeuner était frugal et je n’avais pas faim, juste soif, quelques tasses de thé brûlantes.
- La fille était comment ?
- Elle est morte, il me semble ?
Je n’en étais pas certaine car nous avions fait beaucoup l’amour et elle m’avait faite jouir.
- Tu ne vas pas pouvoir rester une gouine…
La jeune femme était voilée, le nécessaire en ces lieux inhospitaliers.
- Ça va ?
Il fallait que j’aille bien, même très bien, pour affronter la montagne de difficultés qui m’attendait.
- Oui.., ça va…
Je n’étais pas certaine que ça aille si bien que ça et je savais que seul le temps me permettrait de trouver l’issue, le point faible, la place du coin dans la bûche que je devais briser, fendre, voir un jour brûler, flamber dans l’âtre de ma vie, dans la cheminée de ma folie solitaire.
J’ai pris les quelques informations qui m’étaient dites, déjà codées, à demi confisquées par la discrétion.
- Bonne chance.
J’ai regardé la jeune femme quitter la table, sa beauté disparaître sans un mot, me laisser seule dans le vaste restaurant déserté.
J’étais encore une parfaite gouine, une créature de rêve pour bien des femmes, une très belle femme disposée à coucher, à vivre et, peut-être à mourir autrement.
Dehors, je demandais où se trouvait le bus et on m’indiqua une voiture garée non loin, bien plus sûre, bien plus disponible.
Le chauffeur attendit que trois autres personnes soient installées et démarra, nous conduisit au centre ville.
Il y avait encore des cadavres dans les rues, des corps mangés par les armes, mutilés, des corps de femmes méconnaissables, des animaux, quelques bêtes là par hasard, mortes sans but, tuées par hasard.
C’était certainement la première fois que j’essayais de raconter cette vie tout de suite, raconter la métamorphose qui brutalisait mon existence, ma double personnalité qui s’affranchissait des préoccupations humaines.
Car je n’étais pas humaine, à peine une femme, une femme avec un vagin et des ovaires, une femme qui sait se faire baiser et baiser aussi, qui à des marques sur le corps, des traces de la vie, l’incidence blessante de choix douloureux.
- Tu m’aimes, m’avait dit la fille en me voyant jouir, en gardant ses doigts dans mon ventre, en embrassant ma vulve en souriant.
Je ne savais plus qui j’aimais, si c’était elle ou L., qui c’était…
Et alors, la prenant par les cheveux, je l’avais faite hurler de douleur, lui avais demandé en murmurant comme à mes filles qu’elle continue, qu’elle continue.
J’étais assise à côté d’un homme, le premier homme de ma vie depuis longtemps, depuis si longtemps qu’il me parut étrange, étranger.
J’étais encore une parfaite gouine, ne comprenais pas ce qu’il me voulait, cet être ignoble qui roulait des yeux avec un sourire à découper au couteau, à faire disparaître en enfer.
J’étais une gouine qui sentit la présence formelle du mâle, sa main sur ma cuisse, sa volonté manifeste que je lui appartienne.
Je lui appartins.
Le soir même j’étais fouettée, le lendemain matin sortie, déguisée en sac à viande, nue ou presque sous un vêtement local qui m’allait à raison, la raison du plus fort.
J’eus du mal à m’affranchir de ma mission, aller voir un autre homme que celui qui m’avait violée pour lui offrir je ne savais alors quoi, mon corps, tout simplement mon vagin.
J’étais une prostituée voilée, une femme de passage, d’un homme à l’autre, d’une maison à l’autre, d’un singe à l’autre.
J’étais devenue nue, entièrement nue sous mon tissu que je choyais avec tout l’amour nécessaire, seul rempart à ma lapidation, à mon exécution sommaire en pleine rue ou dans un coin d’ombre.
Le soir venu, je ne savais où aller, ou passer ma nuit, ma première nuit de femme nouvelle, de mendiante au ventre plein.
A l’aube, grelottante derrière mon grillage de fils, j’attendais, vis la vie reprendre et quelques coups de fusil retentir au loin, me décidais à me lever, à suivre la rue la plus grande, croisais quelques soldats, tombais sur une femme, une européenne protégée, l’un de mes amants dont je ne compris pas ce qu’il faisait là si tôt, une femme qui s’arrêta devant moi et me prit la main que je lui tendis pour faire l’aumône.
Elle me mena dans un lieu sans particularité où elle retira son vêtement de sortie, se dévoila devant moi.
Je fis de même, exposant ma nudité, mon corps frappé et ma peau sur les os.
Nous n’avions rien à nous dire d’autre que notre condition exposée là, sur ce parterre de poussière où j’avais trouvé un abris précaire.
- Reste ici, je reviendrai.
Elle est revenue avec un peu de cuisine, avec deux femmes décidées à me faire vivre, survivre parmi elles.
Elles n’étaient pas gouines et n’en imaginaient même pas la possibilité, étaient simplement mes sœurs de misère, me secoururent de leur possible.
Elles allaient continuer leur journée et revenir pour me donner un peu de leur sein, un peu de leur vie d’esclave sans affranchissement, juste me sortir de ma posture de sexe, de prostituée.
Je n’étais pas de leurs familles, de leurs tribus et pourtant elles m’avaient adoptée, la première d’entre elles m’avait menée chez elle, dans son intimité.
Reconnaissante de tant d’intelligence, je ne pus m’empêcher de lui baiser les pieds, de pleurer sur ses mains tordues, reçus ses bras pour bénédiction, son étreinte chaleureuse.
Nous étions bien ensemble et un peu amoureuses, un peu beaucoup, pas trop pour être ennuyées.
Je suis devenue sa femme après quelques jours car la mort n’attendait pas pour choisir parmi nous, enlevait sa pitance parmi nous, femmes d’un monde démuni, ce si beau pays avant que la religion infeste les lieux.
Ce pays, je l’avais connu petite fille et n’avais aucun doute sur les exactions qui s’y étaient déroulées et s’y déroulaient alors.
Chaque jour, la rue se redessinait avec de nouveaux cadavres, généralement des femmes, obligeaient les passants à contourner les morceaux de corps, les exécutions de la nuit, les tortures exhibées.
J’étais l’une de ces femmes qui passe dans la rue, ne s’arrête pas, est incertaine sur son devenir.
Je n’étais pas du tout sûre de rester en vie, prenais le risque obligé d’être tuée par une balle, d’être pendue ou brûlée.
Il me fallut être frappée plusieurs fois et guérir avec le temps pour pouvoir prendre ma place, la démesure de ce champ de ruine humaine, de cette ville perdue.
Les centres de décision étaient inaccessibles, protégés par des milices étrangères.
Où étions nous ? En 2010 ?
Je n’en savais rien et ne m’en préoccupais pas, davantage occupée à me préparer à tuer, à rendre la ville en sang, le pays, si j’y arrivais.
J’avais une barre de mémoire qu’une oreillette me permettait d’écouter et j’étais attendrie lorsque j’entendais la fille chanter dans le silence de la nuit ses airs joyeux qui me transportaient dans les bras de mes femmes d’avant, les gouines de ma vie de gouine.
J’étais seule, totalement seule, avais appris cela avec les années, savais me débrouiller seule, m’organiser seule.
J’avais un semblant d’objectif et une sorte de fin de mission.
Un soir, un homme est venu dans mon repère et mon corps prosterné, pris en levrette, promit de me préserver, qu’il ne me dénoncerait pas.
Ma nouvelle compagne n’éprouvait rien vis-à-vis de ce monsieur violeur qui m’avait pourtant prise devant elle comme une bête, sans me donner la moindre importance.
Tout cela était devenu normal, j’étais une femme domestiquée et seule, de surcroît.
Ma chérie me prit dans ses bras et je l’ai aimée avec ma main droite, la gauche blessée, tordue par cet invité impromptu qui voulait revenir, revint mais ne me trouva plus.
- Il faut que je parte, il va revenir et finir par me vendre.
Ma femme en était tout à fait consciente et me trouva une nouvelle cachette pour continuer à nous voir, à vivre.
Il y avait dans les protections de la ville un passage menant aux dirigeants, aux religieux enfermés dans des tours de terre crue armées de béton.
Il y avait un passage dans le temps, un moment de prière où la vie se détendait à peine, suffisamment pour y placer une chose comme moi, une femme, une femme de sexe, une gouine pour religieux, une sorte de baptême par le sexe.
Tout devait aller si vite que personne ne devait s’en apercevoir pendant quelques instants, des instants suffisants pour me permettre de me poster afin de profiter de la panique.
J’étais faite de liberté, d’une mort annoncée, d’un suicide accepté.
Je n’étais rien d’autre que de la peau et des os, incapable de me sauver, passais mes nuits à grelotter et mes journées à attendre la venue de ma douce gouine submergée, de ses amies muettes, de ces ridicules informations que je tressaient entre elles, une à une, laines arrachées à des bêtes féroces, à des mâles enivrés de haine et de meurtre, de nauséeux postulants pour l’apocalypse.
J’observais ses yeux noirs, sa peau de brou de noix diluée dans du miel, ses lèvres claires fendues par le froid et la peur, sa bouche qui tremblait en parlant, incertaine de me retrouver le lendemain.
Nous étions les plus fragiles des gouines, d’incertaines créatures sans avenir, des sacs de vie dans un monde d’ordures.
Elle attendait la caresse de mes doigts, la venue de ma tendresse, la parole de son vagin qui lui racontait les plaisirs d’être aimée.
L’aube d’un jour comme les autres me fit sortir prendre un peu l’air, le soleil, faire passer à travers mon grillage un peu de sa chaleur.
Il y avait près d’un camion deux singes, deux singes qui vinrent vers moi et me tirèrent dans leur camion, me violèrent derrière la bâche, indifférents aux mouvements dans la rue, aux femmes silencieuses, aux mâles complices.
Il m’emportèrent et m’enfermèrent, me violèrent encore une fois et me laissèrent nue, mon tissu déchiré, mon chiffon ensanglanté enfoncé dans mon vagin et mon cul, nue et fouettée, couverte de zébrures et de bleus, blessée, traumatisée, apeurée et sanglotante, seule, mourante.
Après deux jours, il arriva une bête plus horrible que les autres, un singe gorille avec des poils partout et de la chair débordante qui me couvrit, me recouvrit entièrement.
Seules mes pattes sortaient de son amas de graisse, se ce loukoum libidineux qui entrait en moi avec l’ordinaire des mâles, m’aspergeait le vagin de semence et ressortait, fier, suffisant crétin qui m’observait, me tirait par une patte car je devais encore le sucer, qu’il me nourrisse au sens strict de sa semence puante.
J’étais abîmée et sans secours sans aucun secours car destinée à mourir quelque part, peut-être là, dans cette cave à viol, ce trou à pute où l’attraction me ressemblait, ressemblait à mon corps trop maigre, trop ouvert, trop improbable pour le pays rempli de femmes obèses, une obésité remplie de misère.
Pourtant, je fus traînée dans une maison et me suis lavée avec l’eau d’une bassine rouillée.
Prosternée et voilée, je découvris les harems du pouvoir des singes, le nid à guenons, le nid à sexe, lieu de perdition où aucune femme ne pouvait prétendre à exister, où chacune ressemblait à l’autre, un vagin, un utérus et un corps pour les faire exister.
J’étais une pute de religieux qui venaient faire leur marché aux vagins quand il était leur temps, nous emportaient nous violer, nous destiner à notre naissance de femmes.
J’étais l’attraction, la faiseuse de fantasme, la femme aux mille et une nuit qui se fait violer en remerciant, en implorant Dieu de recommencer.
Le guide suprême entendit parler de moi, de ma beauté, de mes caresses, de ma facilité à comprendre mon anatomie réduite à la plus simple expression de mon vagin.
Il n’était pas question que je jouisse ni même que j’en manifeste l’élégance.
J’étais au service du monde des singes, privée d’orgasme comme toute méchante fille qui a désobéi.
Je n’avais même pas de nom, même pas de vêtement, nous étions un troupeau en liberté dans un parc à viol, un champ de pâture où nous étions l’herbe grasse.
Je n’avais aucune amie, juste du pouvoir qui m’aidait ou me lâchait, des femmes jeunes ou moins jeunes, c’était indifférent, j’étais dans cette poix de vagins qui tentait de respirer un peu hors d’un gardiennage sévère.
Nous étions gardées par des bergères, des femmes toutes comme nous mais qui n’étaient ni destinées à mourir, ni à être violées.
Elles étaient là à nous battre, simplement là, nues, tout comme nous mais destinées à nous surveiller.
L’une tomba sur moi le premier jour et me rendit si mourante que je ne crus plus en l’avenir.
Elle me destina à elle et je devins sa domestique, sa femme d’égout.
Nous n’étions pas des gouines, simplement des vagins de rang différent.
Je fus sauvée par un coup de pistolet maladroit, une arme mal maîtrisée qui envoya une précieuse balle dans la cuisse de mon bourreau.
Elle commença par perdre du sang, puis sa jambe s’infecta et je l’étranglais pour qu’elle ne me couche pas sur son testament.
Violée au quotidien, je ne sentais plus la portée des coups de cravache ou de fouet, je les acceptais comme une nécessaire mise en appétit de mes singes, sortes de clients qui n’en étaient absolument pas, qui étaient des espèces d’êtres humains.
Il y avait un habitué, un barbu plus blanchi que les autres et qui manifestait du plaisir à me battre, à me violer.
J’étais devenue son vagin préféré et, comme il était respecté par les autres singes, me destinait à être violée le reste de la journée par ses courtisans, ses frères d’exaction.
J’avais le vagin brûlé par des allés et venus trop fréquents, finis par laisser les mâles m’achever, me détruire entièrement.
A certains moments, je me demandais pourquoi j’étais encore en vie, subissait des outrages indécents, des tortures inavouables, n’étais pas vraiment un vagin ordinaire mais plutôt un trou de chair massacré avec des rires et du plaisir.
C’est dans cet univers crépusculaire que le grand guide me planta dans le ventre son être le plus discret, le plus secret, le plus personnel.
Je le sentis entrer dans mon vagin et rester là un moment, observant cette fille dont il avait entendu souvent parler.
Il était là, devant moi, et j’étais là, devant lui, interdite, vaginale, ouverte, attendant la suite, la réclamant dans une certaine mesure.
Rien.
Le grand singe des steppes se retira et me trouva aussitôt trop large, trop facile.
Ne tienne qu’à cela, je reçus aussitôt fil et aiguille dans les lèvres, fus cousue à l’emporte-pièce, présentée à nouveau au grand singe coiffé d’une toque de fou furieux qui tripota un instant mon antre saccagée, ensanglantée et daigna s’y enfoncer.
J’étais bêtement violée, ses mains sur mes seins abîmés.
Parmi les singes qui m’entouraient, qui accompagnaient en troupeau agglutiné leur mâle dominant, l’un d’eux, profitant d’un appel téléphonique authentifié, planta une sorte de pieu dans le cœur de l’animal planté en moi.
Celui-ci se retourna et vit la tête du petit singe voler en éclat, déversa tout son cracha séminal dans mon trou bleui.
Je devins, dès ce jour, son objet fétiche, sa mascotte, qu’il fit suivre partout sous couvert d’un voile sobre, le vagin de sa vie, le plus beau trou de sa survie.
J’étais son troisième œil, invisible et inutile, une sorte de cancer qu’il menait avec lui dans ses rares déplacements, dans tous ses viols.
Lorsqu’il allait à la saillie, il me mettait nue et me gardait auprès de lui, associée à sur son être abject, collée à sa masse répugnante.
Il me gardait auprès de lui la nuit et le jour, ne m’attachait pas, me laissait libre de rien, de ramper à ses pieds, de me lever pour faire bon voilage devant ses visiteurs.
Il ne possédait rien d’autre que moi, j’étais sa seule blessure et il l’aimait.
J’étais une part de lui, si intime que lorsqu’il me touchait, lorsqu’il me violait, j’avais la certitude qu’il se masturbait.
Le ciel se chargeait de meurtres et le sang n’avait d’autre goût que celui du fer, des barreaux et des automobiles enflammées.
La mort rôdait partout jusque dans les barbes de ces terribles assassins qui passaient dans leur pilosité leurs doigts ensanglantés.
J’étais un trou ambulant, un trou planté dans un corps superbe qui attirait plus que les mouches, qui menait à lui les plus invraisemblables attributs sexuels.
Personne n’avait honte de quoi que ce soit, la moralité s’était envolée depuis longtemps et ma disponibilité à me faire violer n’empêchait pas mon cerveau de se structurer, d’analyser les névroses récurrentes fouillant comme des bouts de pain le fond de mon vagin.
Ils étaient tous des gueux sans devenir, des zombies arrivés de la sottise incarnée, de la stupidité faite corps.
Le mal régnait sur eux comme je le sentais dans mes viscères, les sentais venir en moi comme lors de soirées sadiques où ma peau écharpée m’arrachait des hurlements suspendus à des crochets de boucherie, mes seins tendus et transpercés, gouine défigurée de la raie du ventre à celle de ma chevelure, blessée à en saigner sur une bassine où je pissais, où je buvais, épuisée, gouinée crochetée par ma bien aimée, ma bien aimée, ma chérie tatouée, seule moyen de la distinguer dans, dans ma folie, avec mes yeux empoisonnés, larmoyants.
Je la laissais faire sur moi, m’abîmer, me torturer dans une souffrance qui m’écorchait vive, la gorge brûlée à la cravache, à la lanière de bœuf.
Mes violeurs s’approchaient de mes abysses dans lesquels il me restait à les pousser.
- Nous allons te pendre, me dit tranquillement le seigneur des idiots, nous allons te pendre en public, sur la place voisine, avec d’autres femmes qui pratiquent le même vagabondage sexuel.
- Moi ? Il était tellement idiot qu’il n’avait pas vu un seul instant que je n’étais autre qu’une gouine fière d’être gouine, méprisante et hautaine.
- Oui ! Toi ! Et les autres…
Il se détourna de moi et sortit.
Je finis la journée dans une cellule pour vagins, femmes ramassées dans la rue et envoyée par trépas au pays des martyres.
Nous étions quarante ou cinquante, plus blessées les unes que les autres, toutes sœurs de jugements sommaires, de meurtres, d’assassinats.
Au matin, la révolution qui grondait me libéra par hasard, me conduisit devant les grilles de mon bourreau et je pus le trépaner avec un gros clou avec la satisfaction d’avoir téléphoné à Gaëlle.
- Gaëlle ?
- Maman ! Tu es où ?
- En vie, Gaëlle. En vie.
J’aurais dû dire en ville mais je n’ai pas eu cet ultime courage.
Dans l’avion du retour j’ai dragué une jeune femme, une jeune femme envoyée en France par ses parents pour éviter les violences du pays, pour éviter de mourir.
Elle était tout d’abord distante puis s’est mise à rire et nous avons plaisanté.
Je l’ai invitée à passer me voir à Toulouse, lorsqu’elle le voudrait.
Elle me l’a promis.
A Blagnac, seulement, j’ai songé à L., me suis demandée ce qu’elle pouvait devenir, ce qu’elle était devenue.
Quelques semaines à peine s’étaient écoulées et elle devait avoir repris le chemin de l’école.
L. était derrière la porte, attendit un peu, silencieuse, tourna les clef et m’ouvrit.
J’avais passé une robe courte pour mettre en avant mes longues jambes, des talons pour les rehausser, des lunettes pour accompagner mes yeux fatigués, coiffé mes cheveux chez ma coiffeuse qui ne m’avait pas vue depuis longtemps.
L. était en culotte, une culotte noire et un tee-shirt vert.
Derrière, je voyais quelqu’un dans son lit, une créature indéfinissable qui dormait ou faisait semblant.
Bonjour L.
Je n’étais pas venue seule, étais avec Gaëlle, avec sa beauté sophistiquée.
Tu vas bien ?
Oui.
Je souriais, gênée par je ne savais trop quoi, gênée de ne pas pouvoir la prendre dans mes bras.
Je te dérange. Je vais te laisser.
Oui.
L. s’était retournée voir sa créature installée chez elle et en se retournant me prit la main droite et la caressa, passa le bout de ses doigts sur les blessures.
Nous étions faites l’une pour l’autre et nous le savions.
Heu… Je te présente Gaëlle.
Ravie de vous connaître.
Gaëlle serra la main de L. et le créature bougea, se tourna vers nous et nous salua à son tour avec une onomatopée sortie des songes, d’une bouche endormie.
L. n’insista pas et me dit simplement à bientôt, je t’appelle.
J’étais redevenue une gouine ordinaire, une femme amoureuse, la maman chérie d’une fille à marier, une femme heureuse.
Gaëlle me suivit dans les escaliers et je l’ai enlacée, l’ai embrassée comme j’aurais embrassé L., délicatement, amoureusement, merveilleusement bien.
Elle m’a observée lorsque je me suis écartée d’elle et, main dans la main, nous sommes sorties du petit immeuble.
J’avais un message de L. sur mon téléphone.
Je t’aime.
L. me serra dans ses bras et m’embrassa longtemps, caressant ma tête et mon corps, me passa une main entre les fesses, me gouina pas plus tard qu’immédiatement.
- Tu m’as manquée.
Je retrouvais ses seins, sa bouche, la beauté de ses traits, son corps nu, la douceur de sa peau.
L. mis ses doigts dans mon vagin et me fouilla en me souriant, en riant, heureuse de retrouver sa gouine trempée, de l’observer aimer ses doigts, aimer l’amante passionnée, la femme scrupuleuse.
- Tu es couverte de poils, ça te va très bien.
L. était très adroite car elle devina que je ne pouvais me débarrasser de toute cette pilosité tout de suite, avais besoin de la sentir sur ma vulve, de la caresser sur ma tête, de la voir, de la soigner.
J’avais l’impression de retrouver ainsi les femmes restées là-bas, de les faire revivre auprès de L..
Nous étions nues et fîmes l’amour sans trop nous retrouver, comme si nos corps s’étaient ratés.
Je n’ai pas jouie et L. a hésité un moment.
Nous avons passé quelques heures à marcher dans la rue, enlacées et silencieuses, incapables de trouver les mots nécessaires.
- A demain, L..
J’étais épuisée par l’impossible rencontre de nos vies.
L. partit rejoindre la créature et moi Mie de soie.
Gaëlle s’est installée dans mes bras et m’a caressé la bouche.
Elle me faisait rire avec ses gestes puérils, avec sa manière de me violer par les sentiments, de m’ouvrir avec son regard, ses baisers à peine déposés.
Mie de soie nous rejoignit devant le feu de cheminée et j’ai pleuré.
IV
Arrivée avec Gaëlle et Joëlle, les ayant quittées pour me fondre dans le décor de danseuses ensorcelées, je cherchais, cherchais, dansais en attendant je ne savais trop quoi, une gouine pour la nuit, un fille pour aller dans les toilettes nous gouiner.
J’étais seule dans une tenue moulante, mes seins relevés par la force du tissu élastique.
- Tu veux un verre ?
- Oui, dis-je joyeuse, harponnée après quelques minutes.
- Tu bois quoi ?
J’aurais pu demander une coupe de champagne mais je songeai soudain à Fiona, à ses lèvres dans le champagne qui venaient embrasser mes lèvres avec du champagne sur ses lèvres, me gouiner avec son verre à la main, ses doigts autour de sa coupe qui me fascinaient, que je désirais et qu’elle ne partageait qu’avec sa bouche, la caresse de ses lèvres avec le champagne, nage lente avant une gorgée, une minuscule gorgée qu’elle venait déglutir dans mon vagin et boire en me regardant, en étirant ses plus belles fossettes.
- Un whisky.
La fille attendait un complément, de la glace, du coca.
- Sec.
J’aime le whisky sec, qu’il me brûle la gorge.
J’attendis près du bar, cherchant des yeux Gaëlle et Joëlle, les devinai.
- Tiens.
- Merci.
- Moi c’est Céline et toi ?
- Flore LESBIENNE.
- Moi aussi je suis une gouine.
Elle avala une gorgée de sa bière et j’ai souri, amusée par sa moustache blanche sous son joli nez.
Elle a souri en m’observant la regarder, la dévisager.
Nous avions terminé les préliminaires.
Elle m’embrassa et je n’ai rien perdu de ses petits yeux qui perçaient mon âme autant qu’ils le pouvaient.
Elle avait les doigts froids et noueux sur mon visage, les installa sur ma joue, me planta sa langue tout contre la mienne, sortit et soutint mon regard, fière d’elle, de sa prise en main de Flore.
- Flore, viens avec moi.
Nous partîmes danser un peu, parmi des filles qu’elle connaissait et qui comprirent aussitôt que j’étais la nouvelle, la nouvelle de Céline.
Quand nous sommes allées nous installer dans des canapés où attendaient nos verres, elle m’a embrassée tout de suite et était radieuse, convaincue de sa trouvaille, de ma présence auprès d’elle.
Elle observa deux de ses amies qui s’embrassaient en se caressant un peu partout, surtout où ça fait du bien.
Céline me tendit mon verre et nous bûmes à nous, prêtes à nous gouiner comme des folles en liberté.
Nous sommes parties plus loin, dans une de ces zones obscures où nous ne sortons jamais comme nous y sommes entrées.
J’étais écrasée contre un mur chaud par ma nouvelle chérie qui enfilait ses doigts dans ma tenue en cuir d’agneau micro perforée.
Elle ne demandait rien de spécial, juste que je me laisse faire, mener par cette animatrice de meute, gouine pleine de ressources.
Je n’avais pas besoin de jouir pour qu’elle soit satisfaite, me tripotait le vagin et me caressait le pubis, massait mon clitoris, me gouinait.
Elle m’embrassa avec un geste large de la langue, aima ma bouche, la baratina, lui raconta un tas d’acrobaties plus incroyables les unes que les autres, et j’avais le ventre qui prenait des allures sexuelles, de véritables envolées orgasmiques.
Je jouis bientôt, un tout petit orgasme qui me fit pourtant crier et pleurer, regarder Céline dans les yeux et passer à la contre-attaque, à l’attaque de cette fille si entreprenante, si généreuse.
Je lui ai doigté le cul pour prendre la bonne mesure de son bassin, l’ai collée contre mes seins et lui ai offert un cunnilingus très exhibé, qui marqua son esprit de pouliche de spectacle.
Elle ne voulut pas jouir avec moi à ses pieds, se sentit seule et un peu perdue, riant presque gênée, me tira à elle et me mena où elle voulait que je la termine, mes doigts sur son clitoris gonflé, tendu, impatient de détruire le reste de ce corps accroché à ma personne, devenu vulnérable.
Gaëlle n’était pas loin, m’observait d’un œil habitué à mes frasques de femme du monde, d’un certain monde.
Céline m’a tirée par la main jusqu’au milieu de ses amies et avec des yeux presque clos m’a tendu le reste de mon verre.
Il y avait là un autre verre de whisky et le sourire d’une fille que je ne connaissais pas, que toutes connaissaient.
- C’est pour toi.
Je terminais le premier verre et regardais Céline déjà partie rejoindre une autre fille.
Cette nouvelle conquête m’embrassa et me caressa à la fois, trouva les mêmes chemins que Céline, me gouina sans partir dans une zone spéciale, se laissa gouiner et attendit davantage que Céline.
Elle avait un morceau de tissu en guise de jupe et un string rose qui ne lui servait pas à grand-chose, était invisible et écarté.
J’avais son ventre à ma disposition devant un couple qui m’observait en buvant tranquillement.
J’ai fait l’amour là, sans plus de pudeur que le groupe de copines qui se retrouvaient à cet endroit pour faire la fête.
Nous ne fûmes pas ennuyées, fîmes l’amour longtemps, avec Céline qui passa nous embrasser et me caresser les seins, le visage.
La musique était bonne, dansante, un moment planante, redevint dansante et je quittais ce groupe, retrouvais Gaëlle et Joëlle qui avaient trouvé quelques amies, discutaient sans trop boire.
J’étais traversée de spasmes, caressée par le cuir serré sur ma vulve et mon clitoris.
J’étais en voie de jouir là, devant ma fille, seule, d’un orgasme spontané.
Je n’en pouvais plus et coulait des yeux, semblait pleurer, et je jouis.
Je me suis mordue les lèvres et ai regardé Gaëlle qui caressait innocemment son amoureuse, me suis éloignée un peu, suis tombée sur une fille qui était follement belle.
Elle n’avait rien d’autre à m’offrir que sa beauté, sa parfaite plastique, la perfection comme j’aurais pu la fantasmer.
Elle était vêtue d’une robe fluide et moulante, qui moulait son corps et le dévoilait nu dans des talons aiguilles.
Cette fille me vit jouir et me demanda si elle pouvait m’aider, amusée de me voir si en peine pour une chose si agréable.
- Ben… je ne sais pas trop… peut-être m’embrasser.
Elle m’embrassa aussitôt, avec délicatesse, me prit une main et me redressa, me poussa contre un pilier tout proche avant de m’embrasser plus sérieusement.
Elle n’était pas seule, avec une autre femme qui la laissa faire, nous observa tout en discutant avec une fille.
- Tu t’appelles Flore ? Je suis une amie de L., je vous ai vues ensemble en ville.
Je me remettais difficilement de mon orgasme et ne compris pas tout de suite qui était cette fille.
- Nous ne nous voyons plus.
- Je sais, je t’ai vue l’autre jour.
- Ah ? Je ne comprenais toujours pas qui était en face de moi et soudain, mon orgasme s’étant un peu éloigné, un flash traversa mon esprit.
Je tournais mon regard vers son amie et reconnu L., ma chère L. et sa beauté filiforme, sa beauté pure, son aura sexuelle.
Abandonnant la créature je retrouvais L. et l’embrassais, l’embrassais tandis que Céline passait et m’embrassait à nouveau, sourit à L. et s’éloigna en clignant de l’œil à mon intension.
- Qu’est-ce que tu fais là ? demandai-je sans lucidité.
Elle ne répondit pas et m’emmena chez elle.
La beauté de L. se définissait d’un coup de crayon, un trait fin sous les yeux et elle était là, parfaite et nue, entièrement vêtue d’une élégance gracieuse, celle d’une belle femme en devenir, une fille sage qui se détermine par des intuitions inébranlables, des certitudes édifiantes.
L. me déshabilla devant chez elle, me poussa derrière la porte et alluma la lumière.
J’étais devant Mie de soie en soie crêpée, devant Gaëlle comme je l’aime, Joëlle applaudissant, mes autres filles là aussi, toutes plus belles les unes que les autres, il y avait même la créature, magnifique, superbe, arachnéenne, prédatrice.
- Surprise ! cria joyeusement L.
Je ne comprenais pas.
- Bon anniversaire !
J’ai frissonné comme si je sortais d’un coma profond, j’étais effrayée, tétanisée.
J’étais nue au milieu de ma famille, de mes amies, me suis avancée, ai fini par prendre une coupe de champagne, et je les ai remerciées, toutes là, aujourd’hui, pour moi, j’en étais émue, touchée.
L. et Mie de soie m’ont embrassée et j’ai découvert mon cadeau, mon cadeau d’anniversaire, ai déshabillé tout le monde pour une partouze sur des airs connus et de l’alcool de qualité.
- Chut…
La créature dormait et L. m’avait réveillée en pleine nuit pour faire l’amour comme des voleuses.
J’aimais cela, immobiles à côté de cette fille nue que nous avions parfumée de cyprine, qui était formidable, d’une gentillesse sans limite, complice et moqueuse, joueuse, folle de musique électronique, ne semblait capable d’un orgasme qu’en présence d’électronique.
Les doigts de L. dessinaient des cercles autour de mon nombril et elle eut cette remarque qui me fit étouffer un fou rire.
- Ton nombril, il ressemble à ton cul.
Je pensais exactement la même chose de mon nombril et de son cul.
- Tu exagères, tu as le même cul que moi.
Nous avons chacune envoyé un doigt en exploration et un autre dans nos nombril.
Le sien était franchement plus sensuel, plus rond, plus femme…
- Tu as un super nombril, j’en suis jalouse.
- Moi, je préfère le tien, ce petit cul au milieu de ton ventre, tu es follement sexy, ma chérie.
Il n’en fallait pas tant pour réveiller la créature qui nous doigta toutes les deux en même temps, nous rappela à notre véritable nature de gouines.
Elle nous travaillait bien, avec l’agilité d’une professionnelle, ne laissait rien passer de nos émois qui s’exhalaient sur nos bouches conquises.
La créature nous mena à l’orgasme comme des vaches à l’insémination, nous étions ses bêtes de sexes qui tirions son carrosse de reine, de reine des butineuses.
Mie de soie arriva au petit matin avec des croissants et se glissa dans notre lit, vint se blottir, se plonger dans mes seins à sa merci.
L. la doigta et la créature les observa, finit par s’occuper de sa chérie, qui était aussi ma chérie, L. enflammée entre les cuisses de Mie de soie dépourvue d’issue.
Nous prîmes le petit déjeuner vers midi et Gaëlle téléphona, se contenta de nous annoncer qu’elle était enceinte de Joëlle.
Le ciel d’un bleu printanier, l’air d’une douceur caressante, j’étais recouverte de chair de poule, nue sur les draps, les jambes écartées, L. occupée à cuisiner mon entrejambe, mes seins écrasés sur ma cage soulevée par l’amour que je recevais, mon ventre creusé qui se gonflait, allait au rythme de l’amour, houle régulière sur les doigts de ma bien aimée, de L. ma chérie, L. merveilleuse qui m’abandonna à un orgasme, à la sieste.
L. aimait me regarder, voir en moi l’étendue de ses clichés, mélange d’une enfance dérivante et d’un quotidien échevelé.
Ses doigts recommencèrent dès que je me fus calmée, et j’ai recommencé à regarder le ciel bleu printanier, l’air d’une douceur caressante, j’étais recouverte de chair de poule, nue sur les draps, les jambes écartées.
Les frissons qui gagnaient mes cuisses jusqu’à la terminaison de mes orteils gagnaient également mes lèvres, mon cul, mes reins et mon cœur, mes doigts plongés dans son vagin, mes cheveux, mes yeux, et je pleurais, trépassais sur les plages de ses lèvres.
Elle avait une vulve faite de chair de saumon, de sécrétions d’huître perlière, un clitoris pareil à une crevette décortiquée, un cul en tête de calamar, et à chaque repas je buvais le vin de ses urines.
Aucune gouine ne taillait mieux dans mon ventre que cette bouchère de l’Aveyron qui avec mes organes préparait des paupiettes de génisse nouées serrées et truffées de condiments.
Les doigts de L. avaient changé, étaient devenus des doigts de gouine, des doigts de femme, les doigts de mon ventre, les doigts de mes orgasmes, des doigts souples, sensitifs, enclins à se tendre et se détendre, des atouts sexuels qu’elle sortait de ses mains dès que nous jouions, plongeaient dans mes fientes de poule gloussante, passaient sur mon corps électrisé par leur histoire sur ma peau, sur mes duvets, sur mes humeurs de lesbienne trempée, mes chairs humectées d’essence lubrique, mes chairs tendres suspendues à ses phalanges, au fil de ses lèvres, accrochée à ses dents telle une lingerie de soie.
L. m’appela.
J’étais occupée à écrire et elle à retirer ses bottes, ses bottes de cuir cognac qui lui donnaient des airs de noblesse cavalière.
Seulement là, lorsque j’arrivais dans la chambre, elle était nue dans ses bottes, sa robe en boule sur un fauteuil, nue et heureuse de me voir.
- Aide-moi, je n’arrive pas à les enlever.
J’avais beau connaître par cœur son anatomie, lorsqu’elle s’est assise au bord du lit et m’a tendu sa jambe droite, il m’a semblé que je n’avais plus devant moi la même L. mais une autre fille, une gouine inconnue aux pommettes rougies par l’effort, aux doigts crochus d’avoir tiré sur les bottes coincées, son sang à fleur de peau, ses seins veinés aux mamelons rebondis.
Ce n’était pas la L. que je connaissais.
Elle se rendit compte de mon trouble et réalisa soudain qu’elle n’était pas la fille qu’elle avait l’habitude de vivre, elle avait une allure sauvage dans ses bottes trop étroites et elle se redressa aussitôt, se leva et, si peu vêtue, partit dans le salon, dans la cuisine, se promena nue en faisant claquer ses bottes, heureuse, bête et heureuse de l’effet produit.
- Tu veux bien me faire l’amour, me lança-t-elle en revenant auprès de moi.
J’étais habillée et elle une pouliche droite, cabrée, décidée, qui m’embrassa en me prenant une main, en la plaquant sur sa vulve et attendant.
Impatiente, elle glissa ses mains sous mon tee-shirt et prit mes seins, les malaxa en reprenant ses baisers tandis que mes doigts allaient entre ses lèvres et ses fesses.
Je l’ai soulevée, portée sur la première table venue et renversée sur le dos, lui ai relevé ses jambes, ses belles bottes cirées, l’ai embrassée là où elle fait pipi, l’ai léchée, tétée, aimée longtemps, jusqu’à ce que ses doigts sur mon crâne en brosse me caressent, caressent mon dos, me tirent sur sa bouche et L. me parla d’amour, de notre amour avec des mots chauds, des phrases courtes hachées de soupirs, des baisers fondants et une langue riche d’un vocabulaire liquoreux.
Ses bottes retirées, je devinais quel pouvait être son plaisir et l’ai exhaussé, l’ai couchée sur le canapé du salon et ai fait l’amour à ses pieds, à ses mollets, l’ai sucée et léchée, massée et doigtée, suis entrée avec la langue dans son vagin encore bouleversé, l’ai embrassée, mordillée, sucée, tétée, gardant précieusement dans mes doigts refermés ses orteils écartés, ses pieds tendus, ses chevilles abandonnées.
J’ai toujours aimé les colliers et les bracelets.
Mon premier collier, je l’ai acheté dans un supermarché.
C’était un petit collier pour chatte, très mignon, rose avec son grelot.
Je le portais au poignet, comme un bracelet.
J’avais douze ou treize ans et une amie qui portait le même.
Nous étions les meilleures amies du monde, échangions nos vêtements et dormions chez l’une ou chez l’autre, nous embrassions sur la bouche pour voir l’effet, pour nous amuser.
Lorsque j’y repense, je trouve que c’était un véritable conte de fées, jusqu’au jour où le conte est devenu une réalité.
Je suis restée seule et elle est partie avec une fille plus âgée que nous qui a fait d’elle sa nouvelle femme.
Mise à l’écart, j’ai gardé mon collier dans ma chambre, tachant de l’oublier.
Puis je l’ai remis, souhaitant envoyer un message clair à mon ancienne amie, que si elle voulait… je voulais bien, avec elle…
Ce fut en vain.
Plus tard, je suis sortie avec une fille géniale, qui avait une grosse moto et du cuir qu’elle entretenait à l’huile de vidange.
J’étais franchement dégoûtée mais elle me gouinait comme une déesse, me prenait entièrement en main.
C’est elle qui me conseilla mon premier collier de chienne que nous avons acheté ensemble.
- Vous ne voulez pas la laisse qui va avec ?
Je suis devenue toute rouge et ai regardé ma goudou avec inquiétude.
- Euh… oui…, oui…, bien sûr.
Elle m’a attaché le collier autour du cou devant le magasin et m’a mise la laisse sans pour autant l’utiliser, la laissant pendre devant moi.
Je fus terriblement gênée au début puis je m’y suis habituée.
Petit à petit j’ai accumulé ce genre d’accessoires jusqu’au jour où j’ai tout jeté.
Je croyais avoir tourné la page d’une époque résolument fétichiste lorsque j’ai eu envie d’être chaste, d’une chasteté irréprochable.
J’ai commencé par éviter de trop sortir et si je sortais de rentrer accompagnée.
Cela n’a pas duré longtemps pour plein de raisons et j’ai décidé de porter une ceinture de chasteté.
Mie de soie n’y vit pas d’inconvénient, elle-même chassant sa sexualité sur d’autres terres.
Lorsque j’ai passé cet instrument, je venais d’avoir mes règles et me suis promise de me boucler pour une quinzaine de jours.
J’avais longtemps hésité sur le modèle car les possibilités ne sont pas du tout les mêmes.
Radicale, je choisis la totale, une ceinture moderne à la serrure intégrée qui me prémunit contre tout, absolument toute tentative de plaisir.
J’étais juste autorisée à faire mes besoins.
Mie de soie fut impressionnée par cette ceinture lourde et imposante.
Au bout de quinze jours j’étais très fière de moi, montrais volontiers la contrainte que je m’étais imposée.
Pourtant, je ne l’ai pas gardée sur moi après ce premier exercice de chasteté.
C’est avec L. que cela a recommencé, lorsqu’elle a sorti la ceinture pour voir à quoi ça ressemblait.
- Tu la mets comment ?
J’étais perdue, me suis retrouvée chaste le reste de la journée.
Heureusement pour moi, L. n’aurait pu se priver très longtemps de mon corps dans son intégralité.
Par contre, la semaine suivante, elle m’a demandé si je pouvais porter la ceinture avec les deux godes que je n’avais jamais utilisés.
J’ai passé la journée bouclée à ressentir douloureusement l’absence de L. qui avait gardé les clefs fixées à son bijou anal.
Je suis allée la chercher en ville, marchant avec nervosité, impatiente d’être délivrée de ces godes.
Ainsi, de temps à autre, L. jouait les femmes jalouses.
J’ai emmené L. dans l’Aveyron, sur des tombes qui devaient produire sur notre couple l’effet d’un ciment à prise rapide.
Je savais qu’elle serait bouleversée mais je ne me doutais pas qu’il en serait de même pour moi.
C’était un jour de semaine et je lui demandais de venir avec moi pour lui montrer des tombes anciennes, une part de ma généalogie.
Elle était vêtue chaudement avec des bottines, des bas, une minijupe, un chandail échancré, une écharpe et un long manteau, le tout dans des tons de beige, de gris et de noir.
L. était rasée de près, le crâne marqué par des veines saillantes.
J’étais nue dans une longue robe en velours noir qui s’ouvrait sur le devant, en fonction des nécessités, gardais en réserve un poncho en laine dans le coffre.
Le paysage était triste, les champs en jachère ou labourés, les chênes dégarnis de leurs feuilles.
Faire l’amour dans un cimetière ne nous était jamais arrivé et ce ne fut pas ce jour là que nous nous y risquâmes.
La voiture s’immobilisa sur le gravier blanc près de l’entrée, près du portail vert en fer forgé rouillé.
Nous étions descendues dans un val où après le dernier village, les dernières maisons de famille, la dernière ferme, nous continuâmes sur un chemin goudronné serpentant le long de la rivière paisible, boa d’eau capable d’étouffer les fillettes imprudentes, au moins six, d’un mouvement de crue sournois.
L. était belle, improbable en ces lieux rendus à leur nature primitive.
Seul le cimetière réchauffait un peu cet endroit.
J’ai pris la main de L. et nous sommes allées dans des allées de gravier mangées par l’herbe haute, bordées de tombes d’un autre monde, d’un autre temps.
L. animait l’alignement des stèles de sa curiosité, de son enthousiasme juvénile, fille joviale, même en ces lieux de mémoire.
Soudain elle s’arrêta net devant une tombe modeste, juste ornée d’une simple stèle rectangulaire et joliment nettoyée.
Elle se pencha sur les années qui, elles, bien évidement, n’avaient aucun rapport avec L..
- Je savais que j’étais originaire de l’Aveyron, mais je ne savais pas que c’était d’ici.
L. regarda les tombes voisines et vit mon nom, celui de ma famille.
Nous étions de la même terre, même si L. était née aux Amériques et moi à Toulouse.
L. s’est accroupie, a ramassé un peu de cette terre qui recouvre son ancêtre et l’a glissée dans la poche de son manteau.
Nous avons prié pour le salut de son âme, filles naturelles de la Vierge MARIE, puis sommes rentrées à Toulouse.
L. chercha les clefs dans son sac et trouva deux trousseaux.
- J’en ai préparé un pour toi.
Elle me tendit trois clefs plates réunies avec un bout de fil de fer.
J’étais touchée de cette attention chargée de symbole.
- Merci L., mais… tu es certaine que tu veux me donner tes clefs.
- Oui, bien sûr, tu es ma femme.
Elle engagea la clef dans la serrure et passa le pas de la porte sans d’autre discussion.
L. parlait au téléphone avec sa mère quand je suis entrée.
Elle me fit signe qu’elle m’aimait et vint me baiser les lèvres tout en continuant d’expliquer qu’elle avait réussit ses examens, que tout allait bien ! Vraiment !
- A Pâques ? Avec une amie, nous pensons aller faire du ski dans les Pyrénées, en Andorre.
Je skiais sur le dos de L. et suis tombée sur ses fesses, les fesses fermes d’un être tendre.
Elle me fit de gros yeux avec un magnifique sourire, déboutonna son jean et tira dessus, se fit aimer tout en continuant de raconter sa vie à Toulouse, sans omettre de placer qu’elle avait une petite amie, moi, avec laquelle elle sortait, que c’était sérieux.
- Flore ! Oui ! Elle s’appelle Flore ! Flore LESBIENNE ! Oui, LESBIENNE, comme lesbienne ! Oui, elle est lesbienne.
Sa Flore se traînait à ses pieds en tirant la langue, en doigtant la plus belle des chattes.
- Il faut que je te laisse maman. Oui, bonne journée maman ! Oui, à demain. Je t’embrasse. Au revoir. Je t’aime aussi. Oui, au revoir, au revoir.
L. raccrocha aussitôt et se pencha sur sa Flore LESBIENNE, écarta les jambes pour m’embrasser avec sa vulve, embrasser ma bouche impatiente de lui parler seule à seule.
Nous étions nues, sorties de la douche, occupées à nous préparer sans que je puisse soudain retenir ma surprise à la vue des seins de L..
Ils avaient pratiquement doublé de volume.
- Tu as vu tes seins ?
- Ils me font mal. J’aurai bientôt mes règles.
C’était étrange comme ce changement transformait L., la rendait plus femme, plus sexuelle aussi.
Nous avions maintenant presque les mêmes poitrines et je ne pus me retenir de les lui caresser.
- Tu vas mettre de la crème, je crois qu’il m’en reste, si elle n’est pas périmée.
J’avais eu une poussée d’hormone il y avait quelque temps.
Elle avait les tétons pointus et douloureux et je songeais qu’ils seraient beaux, percés.
- Peut-être que je suis enceinte, comme la Vierge MARIE ? et elle éclata de rire avant de rajouter le plus sérieusement du monde, de toi…, Joséphine.
Elle fit une moue délicieuse et termine.
- Joséphine et L. ont le plaisir de vous annoncer la naissance de leur fils Jésus, né le 25 décembre, comme il se doit.
- Tu aimerais avoir un garçon ?
- Oui… Pas tout de suite…, quand je serai rentrée.
Il neigeait à gros flocons sur Toulouse et L. collée à une fenêtre devenait mélancolique.
Ses mains posées sur la vitre donnaient à cette fille à peine sortie d’une longue et sexuelle gouinerie l‘expression sainte du bonheur.
Elle avait dans le cul son bijou où était suspendu un minuscule carillon en or, et restait nue, encline à une sorte de paresse réparatrice.
Le vent qui se leva inclina le mouvement des flocons puis les fit tournoyer, nous montraient les caprices du vent, la tempête qui montait.
L. se tourna vers moi qui m’était assise devant le feu de cheminée pour écrire, vint s’asseoir et lut.
- Tu parles de moi ?
- Oui, uniquement.
Elle avait posé son bras sur mon épaule et lisait.
- C’est très orienté sexe.
- Oui, uniquement.
- Pour toi, en fait, je ne suis qu’une pute.
- Oui, uniquement.
- Salope ! et elle me renversa, me sauta dessus et me viola avec ses doigts et ses pieds devant la cheminée, devant mes écrits.
- Oui, uniquement.
Il était tard et je terminais de relire un paragraphe.
L. était derrière moi, une tasse de thé à la main, me caressait la tête et les épaules, la nuque et les seins, m’attendait pour l’amour.
- Tu viens, Flore ?
Sans sembler me préoccuper d’elle, je fouillais dans l’un de mes fichiers et lançais l’application.
C’était un film de cul, du sexe dès les premières images, de l’amour simple entre deux filles, académique.
L. resta muette, sa tasse à la main, son autre main sur mon sein gauche.
Nous regardâmes ces filles passer dans leur chambre et se lancer dans des préliminaires qu’une monteuse abrégea.
J’ai caressé les jambes de L. et nous nous sommes embrassées, avons fait l’amour sur la chaire, la chaise, avec bientôt l’écran de veille pour compagnie.
Nous faisions parfois du vélo, lorsqu’il faisait beau.
Pourtant, ce jour là, il neigeait et nous étions décidées à longer la Garonne, à aller vers Blagnac.
L. portait une jupe et des bas, pour pouvoir garder son instrument de musique suspendu à son cul, des tennis, un pull et un manteau.
Moi, un jean moulant en cuir noir et une doudoune, avec des mocassins à franges et montants.
Le Bazacle dépassé, nous nous retrouvâmes sur la piste cyclable perchée en haut des berges, dominant la Garonne, de plus en plus seules, de plus en plus sexuelles dans cette solitude qui éclaire l’intimité, fait jour avec la lumière crue de nos charmes.
L. s’arrêta pour faire pipi, fit pipi près de son vélo et s’essuya avec un mouchoir qu’elle cacha dans un bas en attendant de trouver une poubelle.
Nous nous embrassâmes, nous cherchâmes sous nos vêtements et fîmes l’amour debout.
Enlacées, nous eûmes du mal à nous séparer et décidâmes d’abandonner notre idée d’aller jusqu’à Blagnac, retournâmes prendre une douche, nous sécher devant la cheminée.
Il continuait de neiger.
L. écarta ses lèvres et je vis l’intérieur de son vagin.
Elle était installée sur le lit, calée avec tous les coussins.
J’étais assise entre ses jambes, un pinceau brosse à la main, prête à l’aimer ainsi.
J’ai caresser sa vulve, suis passée sur son clitoris qu’elle fit surgir du capuchon avec un doigt, l’ai tourmenté un peu, sans trop insister, suis entré en elle, ai mouillé les crins et les ai frottées contre le méat urinaire, l’ai maltraité jusqu’à voir couler son pipi, goutte à goutte avant qu’elle devienne incontinente.
J’ai recraché son urine dans son vagin et ai continué, suis allée vers son utérus, ai tracassé le col, l’ai caressé en observant L. livide qui m’invitait à continuer.
J’ai percé le passage vers son antre, lui ai fait mal et elle pleurait en silence, tremblante, s’accrochant aux portes de son vagin, étirant ses lèvres à bout de doigts.
Je n’en pouvais plus, ne désirais rien d’autre que de l’aimer à pleine bouche, avec mes doigts.
J’ai continué de la caresser avec le pinceau puis elle a commencé à saigner, un mélange d’urine et de sang et elle a fait encore pipi.
J’ai entré ma main dans son vagin et sur allée embrassé sa bouche, sur son visage couvert de larmes, inondé de mascara.
L. a abandonné son vagin pour ma vulve, se tordait sur mon poing refermé dans son ventre, gémit et chercha mon corps, s’accrocha à lui.
Nous baignions dans son urine et j’ai fait pipi à mon tour, puis nous nous sommes aimées, gouinées le plus agréablement du monde, sur le bout des doigts.
- Tu dors ?
Nous étions prêtes lorsque Fiona arriva suivie d’Anaïs.
Mie de soie sonna à son tour, accompagnée d’une fille si jeune que je n’osais lui donner un âge.
- Bonsoir !
C’était Gaëlle, avec Joëlle à son bras, deux indécentes filles en véritable fourrure.
Je servis du champagne, mis les fleurs dans des vases, tandis que L. faisait visiter son chez-elle.
Mie de soie vint m’embrasser et retourna auprès de sa nouvelle amie.
Gaëlle s’intéressait à tout, très intime avec ma femme, très détachée de Joëlle qui bavardait avec Fiona et Anaïs, complices de vice, décidées à se servir dans la masse des invitées, et pourquoi pas Joëlle.
Nous étions toutes attendues plus tard dans la nuit, invitées chez des amies en ville pour une soirée sexe et lesbiennes sur invitations.
Dans le salon, nous avions disposé des plateaux de toasts à profusion, salé sucré.
C’était la première fois que mes amies étaient réunies chez L. et j’étais heureuse, heureuse qu’elles soient là, là où nous vivions notre courte histoire d’amour.
Mie de soie savait qu’elle pouvait tout prendre de ma personne et me déshabilla tout en dansant sur la musique de fond qui ondulait en mer calme.
N’ayant pas par habitude de me vêtir plus que de nécessaire, elle m’eut rapidement transformée en une gouine pâle qui resta dans les bras de son trois pièces.
L. Nous observait avec amusement, vint se placer derrière moi et toutes les trois nous embrassâmes en nous caressant, nous aimâmes un moment, jusqu’à ce qu’Anaïs vienne me prendre, m’emmène manger un peu.
Restée nue, j’étais l’attraction, mais déjà Joëlle embrassait Fiona, perdit sa petite robe à paillettes qu’elle oublia parterre.
L’amie de Mie de soie était très grande et habillée d’un maillot de bain bleu pâle, comme ses yeux.
Elle était aussi blonde que Mie de soie, les cheveux coupés au dessus des épaules.
Gaëlle continuait de courtiser L. qui semblait ne rien voir de son insistance polie.
L. ne tenait pas à se déshabiller ni à se faire tripoter car elle réservait une surprise qu’elle voulait dévoiler chez nos amies.
Anaïs me nourrissait comme elle l’aurait fait d’une enfant, me demandant d’ouvrir la bouche, m’essuyant les lèvres, me faisant boire par petites gorgées, nous amusant comme des folles.
Mie de soie et son amie s’embrassèrent et elles dansèrent en se caressant, firent l’amour sans se préoccuper de notre présence, partirent aux toilettes et revinrent nues.
Gaëlle retourna dans les bras de Joëlle qui s’occupait de Fiona accessible de toutes parts mais qui ne se déshabilla pas.
Anaïs répondit au téléphone, une manie dont elle ne se détache pas.
En raccrochant à sa fille, elle me regarda avec suspicion et m’embrassa.
Dans les ruelles sombres qui menaient chez nos amies, un groupe de filles qui se déplace attire toujours de vulgaires mâles frustrés en mal d’éducation sur le respect des personnes et il nous fallut maintenir avec eux une distance respectable.
L. me tenait par la taille, était bien, amoureuse, capable de participer à l’une de nos soirées qu’avec Mie de soie nous connaissons bien.
Elle s’était laissée embrasser deux ou trois fois par Gaëlle et était venue aussitôt m’embrasser.
Ce soir là, Gaëlle n’aura pas les faveurs de L..
Nous recevions peu, plus familières du restaurant.
Aussi, lorsque L. me demanda si je pouvais être libre la semaine suivante pour un dîner avec des amies à elles, je fus curieuse de savoir de quoi il en retournait.
- Il s’agit de deux amies que j’ai rencontrées cet hiver. Elles sont lesbiennes, vivent ensemble depuis un an. Je leur ai proposé de fêter leur anniversaire ici. Tu veux bien, Flore ? Je trouve que c’est bien.
- Moi aussi. Nous, ça ne nous arrivera pas.
- Ah ? Pourquoi ?
- Puisque tu rentres bientôt.
- Oui, mais on restera toujours amies. Je ne t’oublierai jamais.
- Et si tu restais ?
- Je peux pas, tu le sais bien.
- Je sais pas, il doit bien exister un moyen.
- J’en connais pas. On ne va tout de même pas se marier ? Et puis, franchement, avec notre différence d’âge, bientôt on sera ridicules.
- Tu es certaine de m’aimer, L. ?
- Ben oui…, quelle question ! C’est pas parce qu’on sera pas ensemble que l’on ne pourra plus s’aimer. Tu vois bien, toi et Mie de soie…, vous continuez de vous aimer.
- Là, c’est différent, on a des enfants et puis on est ensemble depuis longtemps, on a une histoire commune beaucoup plus longue.
- Nous aussi on aura une histoire à raconter, on commence à peine… Enfin ! Flore ! Mes parents ne voudront jamais que je reste en France. Pour faire quoi ?
- Pour vivre ensemble. Tu finiras tes études ici.
- Non ! J’ai pas envie. Surtout à Toulouse. Et à Paris…, on se verra pas non plus.
J’étais triste, avais du mal à voir la réalité de notre situation, à l’accepter.
- Bon ! Mais c’est pas le sujet. Tu es d’accord pour la semaine prochaine ?
L’avion décolla comme prévu et nous étions très excitées de voyager ensemble.
Lorsque nous avons pu détacher nos ceintures, nous avons commencé à nous presser l’une sur l’autre pour observer le paysage, la France dans son foisonnement, les nuages en coton et la mer de nuage.
Je vais faire des photos.
J’avais mon nouveau téléphone et en était très contente.
Nous nous serrâmes l’une contre l’autre avec des sourires de clown, nous trouvâmes amoureuses et continuâmes en nous embrassant, nous embrassant d’abord sur le bout des lèvres puis avec plus de manières.
- Vous pouvez arrêter, s’il vous plaît.
Nous cessâmes notre débordement de sentiments et, frustrées, boudâmes jusqu’à notre arrivée, tachâmes de profiter des services d’une autre hôtesse, moins regardante sur notre sexualité à peine évoquée.
J’exposais ma théorie sur la Vierge MARIE qui devait probablement être une lesbienne violée par on ne saura trop quel mâle et placée chez Joseph pour sauver la face.
- C’est tiré par les cheveux, Flore. Je ne vois pas comment elle aurait pu être lesbienne à cette époque, elle aurait été tuée, c’est certain.
- C’est pas si sûr, la polygamie existait, je ne vois pas pourquoi elle n’aurait pas vécu avec une autre femme.
- La polygamie et le lesbianisme, c’est tout de même pas pareil, se moqua L. en me gouinant à nouveau.
Nous étions dans une chambre d’hôtel moderne donnant sur une mer calme, une Méditerranée un peu froide dans laquelle nous nous étions baignées en combinaison.
- Intuitivement, il y a quelque chose de vrai, j’en suis certaine.
- Certainement, la Vierge MARIE fait fantasmer suffisamment de mâles pour correspondre à leurs rêveries, pour les fils, toutes les mères sont des gouines.
- Tu vois, L., je me demande même si Jésus ne suivait pas les recommandations de MARIE.
- L’oedipe de Jésus ?
- Voilà, exactement. En fait, je suis certaine que Jésus était amoureux de sa mère lesbienne.
- Et sa mère était amoureuse d’une autre femme… Laquelle, d’après-toi ?
- Je sais pas… je me disais…, peut-être Elisabeth ?
Le téléphone sonna et L. parla à sa mère une bonne heure, avec parfois un doigt de ma part dans sa chatte, un bisou sur sa bouche, une caresse discrète, puis je me suis habillée et suis partie.
Recouverte d’un voile de gaze blanc j’avançais nue et rasée à côté de L. à l’identique sous un voile de gaze blanc.
Mie de soie nous appelait ses filles et nous mère, et elle nous aima sur nos voiles, hymens transparents derrière lesquels nous pouvions nous voir faire l’amour et jouir, jouir comme nous l’avions appris sur le bout des doigts.
Avec L. nous ne devions plus nous toucher et seule Mie de soie eut ce pouvoir sur l’autre.
Nous étions gouines par l’intermédiaire du corps de Mie de soie.
En me réveillant elle étaient toutes les trois endormies, Mies de soie dans les bras de L., l’amie de Mie de soie dormait seule, suçait le pouce.
- Mie de soie ! Mie de soie ! chuchotais-je avant de réveiller par mon agitation cette jeune fille inconnue et muette, qui jouissait sans un mot, silencieuse et déroutante.
Elle releva la tête et me fit chut ! de l’index, observa sa chérie endormie et vint me prendre dans ses bras, me caresser, m’aima sans me regarder, regardait dormir Mie de soie et je me rendormis.
L. était debout, le petit-déjeuner sentait bon.
Elle amena le tout au lit et nous embrassa avant de s’installer entre nous.
Vous voulez du thé ! dit-elle joyeuse.
La jeune fille répondit oui de la tête et regarda avec admiration L. la servir.
Elles s’embrassèrent et burent ensemble, firent l’amour devant du pain de mie grillé, de la gelée de groseille et leur deux femmes encore endormies.
L. jouit la première, toute excitée par on ne savait trop quoi, la jeune fille n’y parvint pas, alla terminer sa tasse dans les bras de Mie de soie.
Qu’est-ce qui se passe ? demandais-je à ma femme.
L. fit mystère de son trouble et partit bientôt, habillée avec tous mes vêtements, ma robe de coton et mes mocassins.
Près de la table de chevet trônait son bijou anal qu’elle avait retiré en nous le montrant avec joie.
Ma fille…, me dit Mie de soie avec malice, je crois qu’elle va te quitter…
Gaëlle entra et vint m’embrasser.
L. la suivait et referma la porte.
- Alors, c’est Gaëlle la femme mystérieuse que tu nous caches depuis le week-end.
- Oui ! C’est Gaëlle.
Les deux filles s’embrassèrent en souriant, heureuses, amoureuses.
- Et Joëlle ?
- Et Mie de soie ?
L. m’embrassa avec force.
- Tu restes ma femme, Flore…, avec Gaëlle… Je vous aime, toutes les deux.
Gaëlle s’approcha de moi et m’embrassa avec complicité.
- Ce ne sera pas la première fois, maman.
- C’est pas pareil, Gaëlle. C’est pas pareil.
J’étais follement amoureuse de L. et envisageais avec douleur de la partager avec ma fille et je connaissais Gaëlle.
Je savais qu’elle aussi était tombée amoureuse de L., quitte à briser sa relation naissante avec Joëlle, leurs fiançailles.
Gaëlle devinait tout cela et L. avait d’autres idées en tête, la certitude que ce serait aux Etats-Unis qu’elle rencontrerait l’âme sœur.
- Il va y avoir des cœurs brisés, les filles… soupira Mie de soie, cachant mal son inquiétude.
V
Gaëlle s’éveilla dans les bras de L. lorsque j’écrivais, écrivais sur le bord du lit et elle me caressa le bras avec son pied, ses orteils, avec le sentiment d’être aimée, qu’il lui manquait pour être heureuse la présence de mes lèvres, un baiser dans les bras de L..
Gaëlle se retourna et sur ses fesses restaient les marques de nos rouges, la trace de nos bouches.
Elle écarta ses fesses et j’ai embrassé son étoile nue, la naissance de sa vulve suspendue à son cul.
Ma langue entre ses lèvres se perdit dans son vagin, au creux de ses cuisses, ses caresses et ses baisers sur L. éveillée et amoureuse sur la bouche de Gaëlle.
Nos lèvres s’aimaient d’une chaleur vaginale.
Nous étions entre femmes, uniquement entre femmes, nos mains en liberté, nos rires en bataille, nos corps habillés.
Habillées, nous marchions en ville, main dans la main, femmes en famille, les filles sages, rangées, saphisme esthétique rompu à l’art d’aimer, d’être aimé.
Gaëlle et L. s’assirent sur un banc et je les photographiai, les trempai dans de la couleur vive, leur empruntai leur beauté sur du papier glacé.
J’étais nue dans leurs yeux, elles étaient nues dans mes pensées.
L. me prit une main et me prédit le bonheur pour seul avenir, me caressa le visage et m’embrassa en refermant les yeux.
- Vous allez me manquer.
Elle se leva, embrassa Gaëlle qui arrivait avec une cartouche de Gauloises sans filtre.
- Tu verras, ce sont d’horribles brunes françaises.
L. se mit à rire et une larme gonfla au coin de l’œil.
- Merci, Gaëlle.
L. passa le portique de sécurité sans encombre et j’avais le cœur serré, la main moite dans celle de Gaëlle.
Nous lui avons fait coucou une dernière fois avec nos doigts, l’avons regardée nous quitter, tourner la tête et chercher où aller, disparaître définitivement.